Art contemporain

Central Park

Aux portes de Christo

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 18 février 2005 - 407 mots

NEW YORK - Vingt ans après le Pont-Neuf à Paris et dix après le Reichstag à Berlin, Christo et sa femme Jeanne-Claude s’attaquent au cœur de New York. Baptisée Les Portes [The Gates], leur impressionnante installation recouvre Central Park de tissus couleur safran. Au total, 7 500 arches de toile ont été disposées sur 36 kilomètres de sentier, afin de créer des coulées d’or dans ce paysage hivernal. Présentée jusqu’au 27 février, cette œuvre « de joie et de beauté, sans autre raison d’être que d’être une œuvre d’art », comme la définit le couple, aura coûté de 20 à 21 millions de dollars (15,5 à 16,3 millions d’euros). Entièrement autofinancée par la vente de dessins aux musées et collectionneurs, elle est accessible librement et gratuitement. Quelque 200 000 visiteurs sont attendus et la Ville espère 80 millions de dollars de recettes touristiques supplémentaires, pour un événement qui ne lui coûte en définitive pas un centime. De la sécurité au nettoyage des lieux, tout est à la charge des artistes. L’événement ne fait cependant pas l’unanimité, et l’organisation écologiste Sierra Club, inquiète du sort des milliers d’oiseaux du parc, a demandé à la Ville une étude sur les effets que pouvait produire l’œuvre sur l’environnement – une requête restée vaine. Loin de ces préoccupations environnementalistes, tout le quartier vit actuellement au rythme des Portes. Les hôtels ont prévu des offres spéciales, les restaurants, des menus thématiques au safran, le MoMA (Museum of Modern Art), un cycle documentaire sur les artistes, le Guggenheim Museum, une séance de dédicace, le Metropolitan Museum of Art (Met), l’ouverture de son jardin sur le toit habituellement fermé en hiver... Une manifestation dont la presse américaine se fait largement l’écho. Il faut dire que le projet est de taille : il aura nécessité 100 000 m2 de nylon safran, 7 500 arches hautes de près de 5 mètres, 15 000 socles d’acier pesant au total 5 290 tonnes (l’équivalent des deux tiers de la tour Eiffel), 165 700 boulons et écrous, 96 kilomètres de poteaux de vinyle orange recyclable, et 1 100 employés pour monter l’ensemble. Pour les artistes qui avaient déjà entouré de tissus les îles de la baie de Biscayne, en Floride, tendu des rideaux dans une vallée du Colorado ou planté des parapluies en Californie, il s’agit d’une première à New York, où ils vivent depuis quarante et un ans, et qu’ils souhaitaient emballer depuis le début des années 1980.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°209 du 18 février 2005, avec le titre suivant : Aux portes de Christo

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque