MONDE
Semple a développé un pigment noir capable de rivaliser avec celui dont Anish Kapoor s’est arrogé l’utilisation exclusive.
« En soutenant ce projet, vous confirmez que vous n’êtes pas Anish Kapoor, que vous n’êtes pas affilié à Anish Kapoor, que vous ne le soutenez pas au nom d’Anish Kapoor ». Sur le site kickstarter, c’est ainsi que Stuart Semple choisit d’ouvrir la description de son nouveau projet pour lequel il sollicite un financement participatif : la création et la commercialisation de la « peinture la plus noire du monde ». Pour comprendre la véhémence de cet avant-propos, il faut se souvenir qu’en 2016, Anish Kapoor avait déposé les droits d’utilisation exclusif du Vantablack, une matière inventée par la société Surrey Nanosystems, et qui avait déclenché une levée de boucliers chez ses confrères artistes.
Les propriétés du Vantablack ont été développées pour l’aérospatiale, mais elles n’ont pas tardé à intéresser le monde de l’art : capable d’absorber 99,96% de la lumière, c’est la matière la plus noire connue. Devant cet intérêt, Surrey Nanosystems avait décidé de confier l’utilisation artistique de sa découverte à un seul artiste. Stuart Semple fait partie des artistes agacés par cette décision, et il avait rapidement réagi, non sans humour, en créant le « rose le plus rose », puis les « paillettes les plus pailletées », deux produits accessibles à tout le monde… sauf à Anish Kapoor.
Semple, qui produit ses propres pigments depuis 20 ans, veut faire remarquer à son aîné « comment l’élitisme affecte la libre expression, et le fait que tout le monde devrait pouvoir faire de l’art ». Après la blague rose à paillette, il décide de s’atteler au développement d’une peinture capable de rivaliser avec le Vantablack : un premier essai, le Black 2.0 est lancé en mars 2017 avec l’appui de 1000 artistes. Après deux ans de travail, il lance début 2019 une campagne de financement en ligne pour Black 3.0, une version améliorée capable d’absorber 99% des rayons lumineux.
Contrairement au Vantablack, le pigment noir de Semple a été conçu pour les artistes, et peut s’utiliser très simplement, comme une peinture acrylique. L’effet visuel est comparable à celui de la matière de Anish Kapoor, produisant une sensation d’absence de relief et de « trou noir », et ce avec un procédé de fabrication beaucoup plus simple et bien moins coûteux.
Rien d’étonnant alors que la cagnotte en ligne remporte un franc succès, réunissant en 48h le double de la somme requise pour lancer la production industrielle du Black 3.0. En mars 2019, il devrait être sur le marché, à un prix accessible à tous.
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Anish Kapoor et Stuart Semple se livrent la guerre du noir
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