Depuis une décennie, l’association 40mcube soutient le travail de jeunes artistes. Elle s’implante enfin dans un lieu pérenne.
RENNES - Au cours de l’été 2001, dans un espace d’exposition d’un volume d’environ 40 mètres3 situé entre la voie ferrée et la prison des femmes à Rennes, deux jeunes artistes encore inconnus, nommés Daniel Dewar et Grégory Gicquel, ouvraient un magasin de skateboard. L’« Alma Skateshop » présentait la particularité de proposer à la vente des planches, pantalons baggy ou chaussures typiques entièrement faits main. La structure « 40mcube » naissait cette année-là avec l’ambition jamais démentie de produire des œuvres de jeunes artistes. Parmi ceux qui y ont fait leurs armes, figurent Abraham Poincheval et Laurent Tixador, Emmanuelle Lainé, Florian & Michaël Quistrebert. Après avoir enchaîné les baux précaires, l’association a enfin reçu un signe fort de la Ville, qui vient de lui attribuer définitivement l’espace qu’elle occupe depuis deux ans, un cadeau d’anniversaire. « C’est une base, un lieu identifiable dans la ville à partir duquel nous allons développer de nouveaux projets avec l’énergie que nous ne mettrons plus dans la recherche d’un site », note Anne Langlois, fondatrice et directrice de 40mcube.
Cette nouvelle « base » comporte un espace d’exposition de 170m2 et un atelier de la même surface, une salle de projection et un petit parc de sculpture qui compte déjà quatre œuvres monumentales. 40mcube y poursuit également une activité éditoriale de qualité à l’image du catalogue Psycho sur l’œuvre de Benoît-Marie Moriceau. Ce dernier a, en 2007, entièrement recouvert de peinture, quelques mois avant sa destruction, l’hôtel particulier néogothique alors occupé par 40mcube – un acte qui interpella les riverains.
Pour fêter les 10 ans de cette aventure, Anne Langlois et Patrice Goasduff, son compagnon de route, ont souhaité montrer que l’histoire continue avec la production de nouvelles pièces, confirmant aussi une certaine orientation esthétique. Celle-ci traduit un intérêt marqué pour la sculpture et la manière dont elle se nourrit de références à l’architecture, à l’industrie ou au cinéma. Une sculpture qui déclenche la fiction, détourne les objets du réel, tronque l’usage ordinaire des matériaux, une sculpture qui souvent ne dit pas son nom. Sarah Fauguet et David Cousinard présentent ainsi trois œuvres qui composent une exposition-rébus dont le titre emprunté à une réplique hitchcockienne donne le ton de l’intrigue. Entre un dessin au crayon figurant une corneille empaillée prête à s’envoler et un escalier trapézoïdal menant vers une porte murée, digne d’un décor de cinéma expressionniste, la pièce centrale est une sculpture monumentale en Triply aussi déroutante que virtuose. Carlingue, objet non identifié, change d’apparence selon son angle de vue. Ici ses formes géométriques revêtues d’une peinture gris mat évoquent l’esthétique rétro-futuriste d’un vaisseau spatial sorti de l’imaginaire de George Lucas, là les découpes des dalles de bois suivant les courbes de cet engin, renvoient au savoir-faire du carreleur mis en œuvre sur les terrasses des résidences middle class… Sur la face opposée, la charpente est laissée visible, mais de nouvelles histoires de cachettes secrètes ou cabanes s’y racontent. L’envers du décor est toujours un décor au temps de l’illusion généralisée.
Jusqu’au 16 juillet, 40mcube, 48, av. du Sergent-Maginot, 35000 Rennes, tél. 02 90 09 64 11, du mardi au samedi 14h-18h, www.40mcube.org
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10 ans et 40mcube d’énergie
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Abonnez-vous dès 1 €Nombre d’œuvres : 3
Production : 40mcube
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°347 du 13 mai 2011, avec le titre suivant : 10 ans et 40mcube d’énergie