Discipline des sciences sociales ou profession à part entière ? Le débat perdure autour de la muséologie.
Le terme de « muséologue » est à l’origine de plusieurs ambiguïtés. Apparu au cours des années 1950, il semble aujourd’hui entré dans le langage commun. Mais une confusion existe avec un autre vocable, celui de « muséographe ». Si, étymologiquement, la muséologie consiste en l’étude du musée, la muséographie est, quant à elle, davantage liée à la technique de mise en forme. Elle est en quelque sorte une application pratique et technique de la muséologie. La muséologie précède donc la muséographie. L’expérience a toutefois prouvé que les frontières étaient mouvantes. « Par influence de l’usage anglophone, le terme tend à s’appliquer à toute personne ayant à faire avec les musées, et notamment au Québec, où il comprend les consultants chargés d’effectuer la programmation et la réalisation d’expositions temporaires ou de musées », explique ainsi Andrée Desvallées, conservateur général honoraire du patrimoine (1). Le Québec fait en effet figure de précurseur dans ce domaine. Dès la fin des années 1970, des formations spécifiques y ont été créées à la demande du ministère des Affaires culturelles afin de permettre aux professionnels de se doter d’une véritable expertise. Celles-ci sont encore aujourd’hui à la pointe de la recherche dans ce domaine, notamment en matière d’étude des publics et de médiation, dont la prise en compte dans la conception des musées a abouti à la création d’établissements très novateurs. Le métier de muséologue, ou de professionnel des musées, y est donc florissant.
Concept muséal
Car dans un pays comme la France, où les métiers du musée sont réservés à un corps spécifique de la fonction publique – celui des conservateurs, voire des attachés ou assistants de conservation –, les muséologues ont plus de difficulté à s’imposer. La montée en puissance des collectivités locales dans le domaine culturel tend néanmoins à faciliter le recours à des professionnels indépendants, assimilés à des consultants en ingénierie culturelle pour un certain nombre de projets. Ces derniers se présentent, en général, comme étant dotés d’une double compétence, en qualité de muséologue et de muséographe. Ils s’entourent au besoin d’une équipe de professionnels spécialisés. Leur mission consiste à traduire un projet scientifique et culturel (PSC) en concept muséal appuyé sur un discours muséographique spécifiquement adapté au public visé. En d’autres termes, le muséologue fait office d’intermédiaire, de médiateur, entre le scientifique et le public. Si certaines crispations corporatistes existent encore, la collaboration entre conservateurs et muséologues tend à se généraliser sur des projets spécifiques, notamment lors de la création de nouveaux musées. Toutefois, en parallèle, la muséologie est devenue une discipline des sciences sociales à part entière. Les spécialistes de la muséologie, ou « muséologues », peuvent donc aussi être des chercheurs, historiens ou sociologues spécialisés dans l’analyse du fait muséal et de sa théorie. La muséologie désigne alors l’étude du musée, par des observateurs qui lui sont souvent extérieurs. Elle trouve son équivalent anglo-saxon dans le terme « Museum studies ». Qu’il ne faut pas confondre, à son tour, avec l’« expologie », qui ne traite pour sa part que de l’exposition… Nul doute que cette confusion sémantique plaide en faveur d’une utilisation très prudente du terme « muséologue ».
(1) « Cent quarante termes muséologiques ou petit glossaire de l’exposition », par André Desvallées, in Manuel de muséographie, sous la direction de Marie-Odile de Bary et Jean-Michel Tobelem, éd. Séguier/Option Culture, Biarritz, 1998.
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Muséologue
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Abonnez-vous dès 1 €Les formations dans le domaine se sont multipliées au cours des ces dernières années. Certaines ont une visée plus professionnelle, d’autres plus académique.
Diplôme de 2e cycle de l’École du Louvre (2e année), parcours recherche histoire de l’art appliquée, muséologie, ou parcours professionnalisants métiers du patrimoine, marché de l’art, médiation. Diplôme d’État. Grade de master. En partenariat avec l’université d’Heidelberg (Allemagne), l’École du Louvre vient également de créer un « master international d’histoire de l’art et de muséologie ». École du Louvre, Palais du Louvre, porte Jaujard, place du Carrousel, 75038 Paris Cedex 01, tél. 01 55 35 18 00, www.ecoledulouvre.fr
Master recherche sciences humaines et sociales, mention histoire de l’art, spécialité Histoire et politique des musées et du patrimoine artistique, parcours Muséologie, patrimoine du bâti, patrimoine immatériel. UFR histoire de l’art et archéologie (Paris-I), 3, rue Michelet, 75006 Paris, tél. 01 53 73 71 11, www.univ-paris1.fr
Master professionnel option Muséologie, option Gestion et valorisation du patrimoine. Institut universitaire professionnalisé management et gestion des entreprises, spécialisation éducation, formation et culture, 36, rue Chabot-Charny, 21000 Dijon, tél. 03 80 58 98 54, www.iup-denisdiderot.com
Master professionnel Médiation et ingénierie culturelle : muséologie, arts actuels et patrimoine. UFR lettres, arts et sciences humaines, 98, bd Edouard-Herriot, BP 3209, 06204 Nice Cedex 3, tél. 04 93 37 53 53, lettres.unice.fr
Master recherche muséologie, mémoire, objet, société. UFR de philosophie (Lyon-III), 7, rue Chevreul, 69362 Lyon Cedex 07, tél. 04 78 78 70 95, facdephilo.univ-lyon3.fr
Au Canada
Museum Studies, Faculty of Information Studies, 140 St. George Street, Toronto, Ontario M5S 3G6, museum.studies@utoronto.ca
Doctorat international « Muséologie, médiation, patrimoine », université du Québec à Montréal en partenariat avec l’université d’Avignon et des pays du Vaucluse, www.univ-avignon.fr/fr/international/doctorat-international.html
Diplôme d’études supérieures spécialisées en muséologie, université de Laval, Québec, Canada, tél. 1 418 656 2131, www.ulaval.ca
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°300 du 3 avril 2009, avec le titre suivant : Muséologue