À la recherche du livre de référence ou du catalogue épuisé, ce spécialiste des beaux-arts séduit une clientèle exigeante de particuliers et d’institutionnels.
« Rive gauche à Paris, adieu mon pays de musique et de poésie, les marchands de malappris, qui d’ailleurs ont déjà tout pris, viennent vendre leurs habits en librairie », fredonnait le chanteur Alain Souchon en 1999. Mais au cœur de Saint-Germain-des-Prés comme ailleurs, quelques irréductibles résistent encore. Installé depuis 1975 rue Bonaparte à Paris, à deux pas de l’École nationale supérieure des beaux-arts, Claude Schvalberg a tapissé de livres d’art l’espace exigu, mais bien nommé, de la Porte étroite : un long couloir de 30 m2 où dialoguent quelque 3 000 ouvrages consacrés aux beaux-arts, du Moyen Âge au XXe siècle. Comme nombre de ses confrères, le professionnel propose des ouvrages anciens (le plus souvent épuisés) ou neufs, et non des livres d’occasion, une spécialité qu’il laisse aux bouquinistes et « soldeurs ». Très sélectif, il privilégie les textes non réédités, les catalogues d’exposition, les monographies d’artiste ainsi que les écrits sur l’art, son domaine de prédilection. Autant de choix qu’il réalise en consultant les catalogues d’éditeurs, en furetant chez les bouquinistes ou en examinant les offres de particuliers souhaitant se dessaisir de leur bibliothèque. « Mais, faute de place et de titres réellement intéressants, les achats sont limités », observe le libraire. À l’image de la librairie voisine De Nobele, spécialisée également dans les beaux-arts, son fonds fait le bonheur des universitaires, marchands, institutionnels ou amateurs d’art en quête de l’ouvrage rare ou pointu, mais aussi de conseils bibliographiques. « Nos clients recherchent la compétence. Il faut être à même de leur indiquer la meilleure monographie parue sur tel artiste, l’ouvrage de référence consacré à une époque ou un sujet donnés. » Une aptitude requérant une connaissance approfondie des livres, une solide culture en histoire de l’art et un suivi régulier de l’actualité artistique et éditoriale. À ces qualités livresques doivent s’ajouter des aptitudes administratives et un certain sens du contact. « Nos journées se partagent entre la rédaction de fiches et la réception des visiteurs », explique Françoise De Nobele, issue de la troisième génération d’une famille de libraires. La pratique de l’anglais est également souhaitée, dans un métier où la vente à distance constitue une part non négligeable. « Cela représente les deux tiers de mon chiffre d’affaires », estime Claude Schvalberg, dont les meilleurs clients sont japonais. D’autres, comme la librairie De Nobele, ont privilégié la vente sur Internet (1), « un apport financier significatif ». Mais l’équilibre budgétaire est souvent fragile dans un secteur très dépendant des aléas du marché. « Les affaires sont très dures depuis la guerre en Irak », constate Claude Schvalberg, qui déplore l’absence de clients américains et les faibles achats des marchands du quartier. Il estime à plus d’une vingtaine le nombre de librairies ayant, pour diverses raisons, disparu depuis une dizaine d’années dans le 6e arrondissement. La prise de risque initiale est donc importante mais, de l’avis des intéressés, une offre pointue, un bon emplacement et une clientèle fidèle sont autant de gages de longévité.
(1) sur le site abebooks.fr
- Pour en savoir plus sur les formations, lire le JdA n° 194, 28 mai 2004, p. 33.
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Libraire spécialisé en art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°197 du 8 juillet 2004, avec le titre suivant : Libraire spécialisé en art