Malgré les difficultés, l’architecture reste une voie d’avenir, notamment dans les spécialisations,où la demande se fait grandissante.
La profession d’architecte est-elle en crise ? Fin 2004, la publication par le Conseil national de l’Ordre des architectes (CNOA) d’un livre blanc visait à alerter l’opinion sur un certain nombre de problèmes. « L’architecture modèle les villes, façonne les paysages et détermine dans chaque bâtiment l’espace de vie personnelle, sociale et culturelle : ce sont ces principes qui ont fondé le cadre général de la première loi de 1977 déclarant l’architecture d’intérêt public. Mais la loi n’a pas donné le résultat escompté : avant comme après 1977, 68 % des constructions sont réalisées sans architecte. » Un an plus tard, les résultats de l’observatoire de la profession mis en place par le CNOA confortaient ce constat d’un pessimisme ambiant : dégradation d’image, difficultés d’accès à la commande publique pour les structures modestes – seuls 5% des architectes interrogés considèrent ces consultations comme transparentes – ; faiblesse des revenus ; concurrence des maîtres d’œuvre (une profession non réglementée), arrivaient en tête des motifs d’inquiétude. À tel point que 55 % des architectes seulement s’avouaient disposés à conseiller à un proche de s’engager dans le métier. Pourtant, nonobstant les idées reçues véhiculant l’image d’une filière saturée – plus de 1 000 nouveaux diplômés sortent chaque année des écoles –, la France ne compte que 45 architectes pour 100 000 habitants, quand on en dénombre plus de 80 en moyenne dans le reste de l’Union européenne. L’architecture serait donc encore une voie d’avenir, notamment dans des spécialisations où la demande se fait grandissante, comme l’urbanisme, la réhabilitation ou le conseil.
Créativité et compétences techniques
Protégé et réglementé par la loi du 3 janvier 1977, le métier d’architecte souffre néanmoins d’une méconnaissance de la réalité de la profession, qui allie à la fois créativité – l’architecte est titulaire d’un droit d’auteur sur ses œuvres – et compétences techniques. Responsable de la conception ou de la transformation des espaces destinés aux activités humaines – le recours à l’architecte est obligatoire pour les surfaces supérieures à 170 m2 (constructions en général) ou à 800 m2 (bâtiments agricoles) –, il doit produire une synthèse entre les désirs du maître d’ouvrage (le client), les contraintes du programme, du coût, de l’environnement urbain ou naturel et des difficultés techniques. Il dirige par ailleurs la réalisation et peut, à cet effet, se faire assister par des professionnels tels que des économistes, ingénieurs, bureaux d’études techniques, designers ou paysagistes…
Décalage
Si l’inscription à l’Ordre est obligatoire pour porter le titre et exercer en son nom, nombreux sont les diplômés à travailler en agence en qualité de simples dessinateurs. À l’issue de leurs études, les novices trouvent assez rapidement un premier emploi, mais la frustration est parfois au rendez-vous quand la part artistique du travail reste faible. « Notre quotidien est plus absorbé par les contraintes normatives ou réglementaires et le suivi de chantier que par le projet », regrette un jeune professionnel, qui souligne le décalage existant entre les études et la pratique. Jadis très critiqué par quelques figures de la profession, l’enseignement, ponctué de stages, permet l’acquisition de connaissances en histoire de l’architecture, disciplines artistiques et notamment dessin, sciences et techniques, sciences humaines, mais aussi en conception de projet. Réformées en 2005 dans le cadre de l’harmonisation européenne, les études sont désormais calquées sur le système LMD (licence, maîtrise, doctorat), les écoles délivrant leur diplôme d’État d’architecte à bac 5. Celui-ci doit toutefois être complété par une année supplémentaire permettant l’obtention de l’« habilitation à exercer la maîtrise d’œuvre en son nom propre » (bac 6). « La licence d’exercice doit être envisagée comme un moyen de renforcer la qualification professionnelle des architectes dont la crédibilité et le statut social, économique et culturel, sont sérieusement menacés. Elle se présente, à l’image de l’internat de médecine, comme un approfondissement du métier par la pratique et la réalité du terrain. Pour la maîtrise d’ouvrage, la licence d’exercice est une garantie de qualification et de savoir-faire de l’architecte », indique le CNOA. Si le mode d’exercice libéral reste encore très prisé (59 %), les sociétés d’architecture ou du bâtiment emploient également un contingent important d’architectes salariés, tout comme divers organismes publics ou parapublics. D’autres débouchés existent dans des professions connexes : l’architecture d’intérieur, le design, le diagnostic immobilier, l’enseignement, la recherche, l’édition ou la presse. Enfin, dernier stéréotype à balayer : la question de la rémunération, la majorité des architectes déclarant gagner moins de 2 500 euros par mois. Loin, très loin des revenus de quelques rares stars internationales devenues de véritables chefs d’entreprise.
- Il existe 22 écoles, parmi lesquelles une privée, formant au métier d’architecte. Liste complète, programmes et modalités d’inscription : www.archi.fr/ECOLES/
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Architecte
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°253 du 16 février 2007, avec le titre suivant : Architecte