PARIS
Jusqu’au 31 mars, la grande halle de la Villette expose les travaux de 130 jeunes artistes, récemment diplômés.
Pendant dix jours, la Grande Halle de la Villette accueille la jeune création française. Ils sont 130 jeunes artistes issus de six grandes écoles (Beaux-Arts de Paris, Ecole Nationale Supérieures des Arts Décoratifs, FEMIS, Ecole Nationale supérieure d’Arts de Cergy, Ecole Nationale supérieure de Création Industrielle, Ecole nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais) à avoir investi l’espace de la grande Halle et plusieurs « folies » du parc. « Nous mettons à leur disposition 5 000 m2 et un budget de 180 000 € » indique Didier Fusillier, le directeur de la Villette.
C’est la seconde fois que le festival accueille des écoles d’art, mais l’an dernier la sélection était alors limitée aux jeunes artistes de l’école des Beaux-Arts. « Ici à la Villette, nous accueillons plus de 200 résidences par an, mais nous n’avions pas de plasticien » justifie le directeur à propos de l’exposition. « Le principe n’est pas de présenter les travaux de fin d’études, ce dispositif existe déjà dans les écoles, mais de proposer les œuvres de jeunes diplômés, sortis depuis peu ». En pratique, ces derniers sont issus des quatre dernières promotions, et leur sélection a été confiée aux écoles directement. Les étudiants de l’école d’architecture Paris-Malaquais ont été chargés de la scénographie.
Extrême diversité
La visite permet de constater l’extrême diversité des mediums et des propositions. Si la peinture est assez présente, dans un style essentiellement figuratif, on trouve aussi beaucoup d’installations, de sculptures, des propositions vidéo, de l’impression sur tissus, du dessin, de la BD, des projets en design ou en mode.
L’Ecole des Arts Décoratifs a retenu une trentaine d’artistes, représentant précisément la diversité de ces dix départements. Chargé de la sélection des artistes, le commissaire Matthieu Lelièvre insiste sur leur rapport à la trans et l’interdisciplinarité, l’innovation et la recherche. Les responsables de l’école de Cergy ont choisi quant à eux de mettre l’accent sur la performance. Parmi les œuvres les plus marquantes : on note le travail de Pauline Pastry autour de l’univers industriel (sculpture et moulages de bleu de travail), et les installations de Victor Cord’homme.
Surtout, il ne faut pas rater le travail de Bady Dalloul, artiste franco-syrien, série étonnante de 120 dessins de poches présentés au fond de petites boîtes d’allumettes. D’une grande précision malgré leur taille, ils évoquent à la fois l’actualité tragique du Moyen-Orient et la tradition de la miniature. Né en 1986 à Paris, Bady Dalloul a obtenu son diplôme de l’ENSBA en 2015 avec les félicitations du jury, et le prix des Amis de l’Institut du Monde Arabe.
A noter que la photographie est quasiment absente de la sélection, à l’exception du travail d’Elsa et Johanna, Beyond the Shadows. Issu des Beaux-Arts de Paris (pour Johanna en 2015) et des Arts déco (pour Elsa), le duo s’est rencontré lors d’un séjour d’échanges à New York en 2014. Leur création à quatre mains est assez emblématique d’une génération très marquée par la pluridisciplinarité et les pratiques collaboratives.
Collaboratifs et écolos
L’attention à l’écologie, à la préservation des ressources, au réemploi des matériaux, ou aux circuits courts, constitue une autre thématique forte de « 100 % L’EXPO ». Plusieurs installations sont constituées de matériaux récupérés : les objets volants suspendus de Victor Cord’homme (bancs et poubelles du parc), les sculptures en bombonnes de gaz de François Dufeil ou la fontaine réalisée à partir d’un moteur de voiture de Nelson Pernisco. Les projets des jeunes designers de l’ENSCI reflètent également cette sensibilité. Pauline Clocher a imaginé une seconde vie pour les combinaisons de plongée constituées de néoprène, matériau non recyclable et à la forte empreinte carbone. Elle transforme leurs chutes en tapis d’inspiration moderniste et sac-à-dos. Diplômé en 2017, Joachim Savin a conçu une salle de bain qui divise par huit la consommation en eau, en remplaçant notamment le flux de liquide par un flux de chaleur.
Enfin, l’exposition 100 % Makerz réunit plusieurs collectifs, français et internationaux, notamment des étudiants de la Design Academy, aux provenances multiples (Europe, Chine, Corée etc…).
Côté français, on peut y voir les produits de Trame Design, studio créé par un ingénieur Quentin Iprex et un designer Tom Hebrard. Leurs objets (du tire-bouchon à la cafetière en passant par l’enceinte Bluetooth) sont conçus pour une utilisation plus durable, car réparables ou personnalisables.
Cette exposition est accueillie par Villette Makerz, fab-lab et espace de coworking hébergé dans une des folies du parc de la Villette située au bord du canal. Ayant fait récemment rénover les 26 folies du parc, Didier Fusillier espère qu’elles pourront héberger les futurs projets de cette jeune scène française. Une façon de prolonger l’exposition 100%.
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100 % La Villette, une jeune scène française collaborative et durable
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