Après sept ans de travaux, le Musée d’Histoire militaire rénové par Daniel Libeskind ouvre ses portes à Dresde

Daniel Libeskind l’affirmait au Spiegel en 2010, « La sentimentalité n’est pas une fondation sur laquelle on peut construire une nouvelle ville ». L’architecte américain d’origine polonaise, déjà auteur du Musée juif de Berlin, n’a donc pas hésité à effectuer une cassure dans la façade néoclassique du Musée d’Histoire militaire de Dresde pour y insérer un triangle géant de verre et d’acier de cinq étages. Cette transformation radicale ne fait pas l’unanimité dans une ville connue plutôt pour ses restaurations à l’identique. Cet ancien arsenal, reconverti en musée depuis la fin du XIXe siècle, est en effet l’un des seuls bâtiments à avoir survécu aux bombardements de février 1945, qui avaient rasé près de 80% de la ville. Un événement auquel fait allusion le triangle de verre de Libeskind, sorte d’éclat d’obus dirigé dans la direction d’où vinrent les bombardiers.

Ce nouvel espace accueillera des accrochages thématiques, tels que Les militaires et la technologie ou encore La guerre et la souffrance. Comme son nom l’indique, le Musée d’Histoire militaire se veut plus qu’un simple musée de l’armée. Le ministre de la Défense l’a rappelé lors de l’inauguration, outre la présentation de sept cents ans d’histoire militaire allemande, le rôle de ce musée est de « confronter les visiteurs à des questions fondamentales, comme l’usage de la force militaire comme moyen politique ou encore le rôle de l’armée ». A ceux qui lui reprochent cette architecture innovante, Libeskind rétorque qu’il ne pouvait pas imaginer héberger une réflexion sur l’histoire militaire de l’Allemagne « dans un bâtiment classique rectangulaire ».