L’Œil Le 20 mai, le Musée régional d’art contemporain de Sérignan ouvre son extension en s’appuyant sur un dépôt majeur du Cnap, en quoi cette opération est-elle emblématique des missions de l’établissement ?
Yves Robert Le dépôt est une mission fondamentale du Cnap qui gère le Fonds national d’art contemporain. Le Fnac a été créé en 1791 par l’État désireux d’acheter l’art de son temps dans un souci d’embellissement et de soutien à la scène émergente. Et, très vite, il a déposé à travers la France avec l’ambition de participer aussi à la construction de l’idée de Nation.
Le Fnac a ainsi toujours été dépourvu d’espaces d’exposition. Au Mrac, nous déposons 167 œuvres pour cinq ans, cela fait partie de nos grands dépôts. Nous sommes très actifs en région. C’est une forme de mutualisation des collections publiques qui permet aux musées de rejouer des projets scientifiques. Si les œuvres étaient en permanence chez eux, ils se heurteraient à un problème de stockage, de plus ils n’ont pas les moyens d’acquérir autant d’œuvres que nous. Même s’ils le pouvaient, ils n’auraient pas l’opportunité de jouer autant de scénarios. Or la question des différents scénarios est aujourd’hui essentielle pour animer un musée et fidéliser les publics.
Certaines œuvres sont parfois en dépôt depuis des lustres, n’est-ce pas contradictoire ?
Quand nous déposons une pièce majeure qui participe de l’identité d’un musée, cela devient très difficile de la retirer. Mais cela nous arrive quelquefois quand nous estimons qu’elle peut trouver un meilleur écrin. Par exemple nous prêtons actuellement Le Transport des forces de Fernand Léger au Musée Ludwig de Cologne. Cette pièce est déposée depuis des années au Palais de la Découverte où elle était insuffisamment accompagnée. À son retour d’Allemagne, il n’est pas certain que nous la prêtions de nouveau au musée parisien. Notre travail consiste aussi à voir comment nous pouvons rejouer certaines œuvres, qui à un moment nous semblent un peu oubliées, au profit d’autres publics. Autre exemple : en 2017, nous allons collaborer avec Vassivière en procédant à de nouveaux dépôts d’œuvres qui sont aujourd’hui dans l’espace public et que l’on pense opportun de montrer ailleurs.
La collection d’art dans l’espace public est considérable mais peu connue, pourquoi ?
Le poste de conservateur de cette collection n’a été créé qu’en juillet dernier. Il y a beaucoup d’œuvres dans l’espace public et par le passé elles ont été trop peu valorisées. Par exemple, beaucoup n’ont pas de cartel, ce qui est problématique. De gros efforts sont faits en ce sens mais nous devons aller plus loin, en nous appuyant notamment sur les outils numériques. Nous avons commencé avec les œuvres du jardin des Tuileries, une application proposera bientôt des parcours de visite pour les faire découvrir. Nous devons être volontaristes pour mieux faire connaître nos collections. C’est pourquoi nous menons une importante politique d’expositions et de dépôts, y compris à l’étranger. Nous sommes actuellement en discussion avec des musées chinois pour procéder à des dépôts de longue durée afin de valoriser la scène française. Nos différentes actions s’inscrivent dans cette stratégie de médiatisation de la collection, qu’il s’agisse de la mise en ligne des œuvres ou des programmes de recherche que nous venons de lancer pour étudier ce corpus. Un corpus riche et hétérogène qui s’enrichit année après année puisque nous continuons à acquérir l’art actuel. Nous avons à disposition une matière première remarquable, encore faut-il bien la connaître et l’exploiter.
Le Centre national des arts plastiques est un établissement public sous tutelle du ministère de la Culture et de la Communication. Il mène des missions de soutien à la création et d’enrichissement des collections publiques.
100 000
C’est le nombre d’œuvres que possède le Cnap. Ses collections vont de la fin du XIXe siècle à l’art le plus actuel, elles couvrent les beaux-arts, la photographie, la vidéo ou encore le design. Environ 40 000 pièces se trouvent en réserve, en attente de mouvement.
Jusqu’au 1er octobre le ministère de la Culture propose, dans ses espaces parisiens, une exposition dévoilant
les missions du Cnap et un échantillon de ses collections.
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Yves Robert - Le Cnap dépose à Sérignan 167 œuvres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°691 du 1 juin 2016, avec le titre suivant : Yves Robert - Le Cnap dépose à Sérignan 167 œuvres