Un détournement qui dépasse en ampleur tout ce qu’on a pu connaître par le passé : quatre-vingt-neuf manuscrits anciens parmi lesquels des pièces exceptionnelles du VIIIe siècle.
SAINT-PÉTERSBOURG - Des informations provenant de diverses sources indiquent que quatre-vingt-neuf manuscrits anciens ont été dérobés, entre le 3 et le 11 décembre 1994, à la Bibliothèque nationale. Un ensemble d’une immense valeur historique et matérielle que les savants russes auront mis une centaine d’années à réunir et à étudier.
Selon des sources officieuses, on relèverait parmi ces manuscrits une version du Coran sur parchemin et un album de dessins indiens sur feuilles de palmier, tous deux du VIIIe siècle ; des écrits de Jami du IXe siècle et d’inestimables manuscrits persans, mogols, tibétains ou encore d’Europe orientale et occidentale. Il est naturellement impossible d’évaluer exactement le montant des pièces volées.
Dans l’édition du 14 décembre des Izvestia, le directeur de la bibliothèque, Vladimir Zaitsev, a déclaré que ce vol avait probablement bénéficié de complicités parmi le personnel de la bibliothèque. Il s’agit, d’après lui, d’une opération soigneusement planifiée, peut-être dirigée depuis l’étranger.
Selon un autre journal, Kommersant, la direction de la Bibliothèque nationale a offert une forte récompense pour toute information permettant de localiser les manuscrits volés. Certains n’ont pas manqué de suggérer qu’il aurait mieux valu investir cet argent dans un système de protection des collections. Le système actuel, une sonnerie d’alarme facile à déconnecter – lorsqu’elle fonctionne – et deux policiers de surveillance, étant manifestement insuffisant.
Il y a quelques mois, certains incunables précédemment volés à la Bibliothèque nationale avaient été récupérés et restitués par les services du contre-espionnage russe de Saint-Pétersbourg. Leurs services et les enquêteurs du ministère de l’Intérieur sont de nouveau à pied-d’œuvre. Les manuscrits dérobés n’ont peut-être pas encore quitté le pays et la police des frontières et Interpol ont été alertés. On remarquera cependant qu’une semaine s’est écoulée entre le moment du vol et sa révélation publique.
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Vol sans précédent à la Bibliothèque nationale
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Vol sans précédent à la Bibliothèque nationale