Le gouvernement espagnol vient de décider de modifier le statut juridique
du Musée du Prado “afin d’en moderniser la gestion”?. À l’instar du Musée du Louvre, qui a signé avec l’État un contrat d’objectifs et de moyens en avril, le Prado devrait gagner en autonomie, mais aussi s’engager à augmenter de manière significative le nombre de ses visiteurs et de ses revenus. Un vent de libéralisme semble souffler sur les institutions muséales européennes...
MADRID - Au début du mois d’août, le gouvernement espagnol a accepté la proposition du ministre de la Culture, Pilar del Castillo, de soumettre au Parlement un projet de loi modifiant le statut juridique du Musée du Prado, à Madrid. Selon un communiqué du musée en date du 7 août, l’institution “gagnerait une plus grande autonomie en terme de gestion et s’alignerait ainsi sur les autres grands musées européens”, tels que la National Gallery de Londres, le Musée du Louvre, à Paris, le Rijksmuseum, à Amsterdam, et, en Espagne, le Musée Thyssen-Bornemisza à Madrid et le Musée des beaux-arts de Bilbao. L’entrée en vigueur de cette réforme administrative devrait coïncider avec la fin des travaux de rénovation et d’extension du Prado (lire les JdA n° 140, 11 janv. 2002, et no 163, 24 janv. 2003 ), travaux réalisés afin de doubler sa surface d’exposition et d’améliorer l’accueil des visiteurs. Imaginée par l’architecte Rafael Moneo, la restructuration de l’édifice a coûté 42,6 millions d’euros et devrait s’achever en 2004. L’ancien directeur du Prado, Fernando Checa, avait démissionné en 2001 suite à ses divergences de vues d’avec le président du conseil d’administration du musée, Eduardo Serra, à l’origine du projet de loi. Depuis sa nomination, le nouveau directeur du Prado, Miguel Zugaza, a déjà introduit une série de changements au sein de l’institution : ouverture le dimanche après-midi, mise à disposition d’audio-guides et bureau d’information...
Le nouveau statut sera intitulé “entidad de derecho público”, équivalent en droit français de l’établissement public, comparable à celui, entre autres, de la Banque d’Espagne et de l’Institut Cervantes. Il devrait permettre à l’institution “d’actualiser et de gérer de manière plus efficace la présentation de sa collection permanente” – qui devra être plus accessible au public –, et son programme d’expositions temporaires. Le musée serait également libre d’embaucher et de licencier son personnel sans les contraintes imposées par le règlement de l’administration publique, comme de recruter des conservateurs, en particulier des étrangers, sans que ceux-ci aient à passer les examens de l’administration espagnole. Le musée devra s’autofinancer à hauteur d’environ 50 %, et les effectifs de son personnel seront sensiblement augmentés.
“Cette nouvelle situation permettra au musée de répondre de manière plus adaptée à l’accroissement du nombre de visiteurs”, qui devrait passer de “1,7 million à 3,4 millions par an, dès l’ouverture de la nouvelle extension”. Cette réforme accorde plus d’autonomie au musée donc, mais l’oblige aussi à augmenter ses recettes, autrement dit à devenir une institution “rentable”. Élaboré depuis trois ans (lire le JdA n° 127, 11 mai 2001), ce projet de loi sera débattu au Parlement avant la fin de l’année. Il s’inscrit dans un mouvement plus large qui voit les musées européens se libérer du giron de l’État, avec le risque de dériver vers une logique de marché, au détriment de leur mission scientifique.
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Vent de libéralisme sur le Musée du Prado
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°176 du 12 septembre 2003, avec le titre suivant : Vent de libéralisme sur le Musée du Prado