Les responsables d’une quarantaine de grands musées organisateurs d’expositions se sont réunis à Rome pour débattre de questions de déontologie et d’organisation. Cette réunion périodique informelle, censée harmoniser les actions des participants, est à mettre au compte de la Réunion des musées nationaux (RMN) qui avait organisé la première à Paris, en 1992. À l’origine limitée à l’Europe, l’assemblée s’est peu à peu ouverte au reste du monde.
ROME. Volontairement discrète, la réunion annuelle des directeurs et conservateurs de grands musées internationaux organisateurs d’expositions s’est tenue à Rome ce printemps. Dépourvues d’existence officielle, ces réunions sont organisées depuis cinq ans dans différentes villes européennes à l’initiative de la RMN, qui a souhaité mettre progressivement en place un "code de bonnes manières" à l’usage des musées, partenaires obligés dès qu’ils s’agit de monter une quelconque exposition d’envergure. Afin d’éviter toute récupération politique, les participants, tous placés à un haut niveau de responsabilités, ont à cœur de préserver le caractère informel de leur association et ne publient donc pas les comptes-rendus de leurs discussions. Outre Françoise Cachin, directeur des Musées de France, et Irène Bizot, administrateur général de la RMN, accompagnées des représentants des principaux musées français, une trentaine de responsables des plus grands musées étrangers étaient présents, venus de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, d’Allemagne, de Belgique, d’Italie, d’Europe de l’Est, de Russie, des États-Unis, du Canada, du Japon, d’Australie, etc. Comme chaque année, la RMN a assuré le secrétariat général et fixé l’ordre du jour des questions abordées. Les débats concernant la convention Unidroit ont mis en évidence une majorité d’opinions défavorables, emmenée par les Américains, contre laquelle seule une poignée de pays européens a tenté de résister. L’harmonisation des programmations d’expositions, et notamment celles liées à la célébration de l’an 2000, ont souffert d’une certaine rétention d’informations de la part des participants, chacun essayant de ne pas "dévoiler ses batteries" trop tôt. Les discussions à propos des éditions de catalogues et des droits d’auteur qui leur sont attachés, ont tourné autour des avantages des coéditions, un des intervenants allant même jusqu’à proposer que les musées abandonnent leurs droits afin de créer une espèce de "zone franche" au sein du groupe.
Échanges de bons procédés
Pour preuve de l’indépendance d’esprit qui anime les discussions, des sujets particulièrement délicats ont même été évoqués : quel crédit accorder aux garanties d’État pour les prêts d’œuvres ? Comment résister aux pressions politiques qui poussent à l’organisation d’expositions qui ne se justifient pas ? Comment réagir face à l’inflation des convoyeurs qui accompagnent les œuvres prêtées dans le seul but de profiter d’un voyage tous frais payés ? Une fois encore, les questions principales ont concerné les accords de prêts d’œuvres, notamment en raison de la multiplication des prêts payants "qui pourraient générer une situation très périlleuse", de l’aveu même de la RMN. Ces demandes émanent le plus souvent des pays de l’ex-bloc communiste, en particulier de la Russie, mais aussi de Chine, d’Égypte, du Japon, et même de France – le Louvre et Orsay ont chacun envoyé leurs tableaux, respectivement au Japon et à Taiwan, contre monnaie sonnante et trébuchante – ou de Grande-Bretagne (lire page 4). Au-delà de ces location d’œuvres ou des expositions clés en mains stricto sensu, la tendance semble être aujourd’hui aux échanges en nature : un prêt contre une restauration ou un chef-d’œuvre contre un autre.
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Un savoir vivre à l’usage des musées
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°40 du 13 juin 1997, avec le titre suivant : Un savoir vivre à l’usage des musées