PARIS - « Le XXIe siècle sera un siècle des musées », a plaidé sans grande inspiration Frédéric Mitterrand le 9 septembre, lors de la présentation d’un plan d’investissement triennal pour la période 2011-2013 en faveur de soixante-dix-neuf musées de l’Hexagone et de l’outre-mer.
Alors que les derniers arbitrages du budget de la Culture sont toujours en cours de négociation, le ministre a souhaité affirmer publiquement sa volonté de soutenir financièrement les musées. L’annonce aurait dû intervenir avant l’été, mais les tensions pesant sur le budget ont – semble-t-il – obligé la Rue de Valois à repousser l’échéance. Au total, 70 millions d’euros seront ainsi engagés sur les trois années à venir dans le cadre de programmes de travaux financés en large majorité par les collectivités locales. Le projet de loi de finances pour 2011 n’étant pas encore bouclé, la somme allouée à chaque musée n’a pu être communiquée, mais la participation de l’État devrait s’élever, en moyenne, à 20 % par projet. Seuls les dossiers les plus avancés ont été retenus par les services de la Rue de Valois, ce d’après des critères précis : qualité du projet scientifique et culturel, développement territorial, ambition architecturale, engagement financier de la collectivité, équilibre des thématiques représentées (beaux-arts, société, histoire…). Ainsi du projet d’installation du Musée des beaux-arts de Reims dans la halle du Bouligrin ou des travaux d’agrandissement du Musée d’Unterlinden à Colmar et de la Piscine à Roubaix. Plusieurs projets portent par ailleurs sur la modernisation des réserves des établissements (Langres, Bordeaux, Besançon).
Effort très relatif
Ce coup de pouce semble d’abord destiné à rassurer des collectivités locales devenues frileuses en matière d’investissement culturel depuis la réforme de la taxe professionnelle. Parmi les projets retenus (Le Puy-en-Velay, Valence, Chambéry, Saint-Étienne, Fort-de-France ou La Réunion), plusieurs sont ainsi déjà inscrits dans le cadre de projets pluriannuels État-Région (2007-2013). En les soutenant, le ministère de la Culture ne fait donc qu’honorer les engagements de l’État. 20 % des crédits de l’enveloppe globale sont par ailleurs destinés à des musées nationaux. Précision importante : le ministre a indiqué que cette somme proviendrait d’un redéploiement à l’intérieur de son budget qui ne léserait personne. « Je dispose encore de marges de manœuvre », a insisté Frédéric Mitterrand. Mais faute de données budgétaires complètes, la portée réelle de cette mesure reste difficile à mesurer. D’autant qu’avec un peu plus de 20 millions d’euros – contre 23 millions par an annoncés de 2011 à 2013 –, le projet de loi de finances pour 2010 prévoyait déjà une augmentation des sommes consacrées à l’investissement en faveur des musées en régions.
Si la portée symbolique de cet engagement n’est pas négligeable, l’effort semble donc très relatif, à moins de comprendre que les musées territoriaux seront préservés de coupes budgétaires qui pourraient affecter d’autres secteurs dès 2011. En creux, se lit également une liste de musées qui devront encore attendre le concours financier de l’État : Musée de l’automobile de Compiègne (Oise), Musée Calvet à Avignon (Vaucluse), Musée des beaux-arts de Morlaix (Finistère)… Le ministre n’a pas exclu de pouvoir présenter une autre liste l’année prochaine. Mais en ces temps où l’avenir politique des ministres demeure hypothétique, ce qui est pris n’est plus à prendre.
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Un plan symbolique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°331 du 24 septembre 2010, avec le titre suivant : Un plan symbolique