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Un musée égyptien mis à sac et pillé

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 21 août 2013 - 485 mots

Al-MINYA (EGYPTE) [21.08.13] – Les violences qui ont secoué le pays le 15 août 2013 ont provoqué « le plus gros pillage jamais commis contre une institution culturelle en Egypte » selon les autorités. Le musée Malawi a été mis à sac, incendié, et amputé de 95% de sa collection par des manifestants déchaînés.

La guerre civile qui meurtrit l’Egypte n’épargne pas les institutions culturelles. Ce qui était redouté est intervenu dans la nuit du mercredi 14 août 2013. Un musée national, le musée Malawi à Al-Minya, a été mis à sac puis incendié par les manifestants, a annoncé le ministre des Antiquités Mohamed Ibrahim, jeudi 15 août 2013. Cette attaque est intervenue après une journée noire, où les affrontements d’une violence extrême ont causé la mort de plus de 500 personnes dans tout le pays. Elle rappelle les tristes épisodes de pillages lors du Printemps arabe.

« Les vandales ont signé par cet assaut la plus grande attaque jamais commise contre une institution culturelle en Egypte », ont déclaré les autorités. Près de 1 050 antiquités sur un total de 1 089 objets retraçant l’histoire de quatre millénaires d’une civilisation disparue ont été dérobés, endommagés ou même volontairement détruits. Arham Online rapporte que le personnel du musée a été molesté, et qu’un employé du ministère aurait trouvé la mort par balles.

Selon le communiqué officiel du ministre, l’attaque aurait été perpétrée par des manifestants pro-Morsi qui auraient d’abord organisé un sit-in dans le jardin du musée, avant de s’introduire dans le bâtiment avec violence.

Une source anonyme aurait confié à Arham Online que la police n’était pas présente sur les lieux du drame, alors qu’un poste de police se trouvait non loin.

Le ministre a lancé un appel aux voleurs, leur demandant de rapporter les objets, tout en leur assurant qu’aucune sanction ne serait prise à leur encontre. Cet appel aurait déjà contribué à la restitution de statuettes de l’Egypte ancienne et gréco-romaines, de cinq sarcophages peints, d’un papyrus, et de deux momies. Le ministre aurait reçu des menaces selon lesquelles les manifestants seraient prêts à mettre à sac un nouveau bâtiment, les galeries archéologiques d’Al-Bahnasa. Il aurait donc renforcé la sécurité policière autour des sites culturels d’importance.

Un comité d’experts et d’archéologues est à l’œuvre pour évaluer les pertes et dommages, et en constituer la liste. Elle servira aux besoins de l’enquête, mais sera aussi distribuée aux douanes et ports égyptiens et envoyée à l’UNESCO afin de prévenir le recel des antiquités à l’étranger. L’ICOM ajoutera également les antiquités à sa liste rouge.

La directrice générale de l’UNESCO Irina Bokova a exprimé son inquiétude concernant le patrimoine culturel égyptien face à ce pillage. « Le patrimoine culturel égyptien n’est pas seulement un héritage du passé reflétant sa riche et diverse histoire, c’est aussi un héritage pour les générations futures, et sa destruction affaiblit sérieusement les fondations de la société égyptienne », a-t-elle déclaré.

Légende photo

Statue de Pepi-Ankn et sa femme - Nécropole de Meir - Egypte - VI ème Dynastie - ( env 2270 - env 2180 ) - © Photo Roland Unger - 2004 - Licence CC BY-SA 3.0

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