Dans les années trente, la Galerie d’art russe Tretiakov avait été sommée de cacher dans ses réserves ses œuvres d’avant-garde, jugées trop élitistes par le régime soviétique. Depuis deux ans, une sélection des pièces les plus prestigieuses était exposée, mais de façon provisoire et précaire. Une situation qui prend fin avec l’inauguration de trente salles consacrées au XXe siècle, dans un bâtiment attenant.
MOSCOU - Le ministre russe de la Culture, Vladimir Egorov, a officiellement inauguré la Nouvelle Tretiakov, une exposition permanente d’art russe et soviétique du XXe siècle installée dans l’ancienne Maison des artistes, un bâtiment des années quatre-vingt, face au parc Gorky.
Le parcours commence en 1910, avec le fameux Cheval rouge de Petrov-Vodkine, et s’achève en 1950. Comme dans la majorité des “musées d’art moderne”, l’époque contemporaine est largement amputée, et seules six salles, inachevées pour l’instant, accueillent les créations de la seconde moitié du siècle. Certains pourront s’étonner de la place importante qui est encore accordée aux artistes officiels du régime soviétique. Ainsi, non loin du Carré noir (1913) de Malevitch – que le cartel bilingue russe-anglais signale comme l’un des peintres les plus importants de son siècle – figure La rencontre mémorable de Yefomov, un tableau illustrant l’extase engendrée par le côtoiement de Staline. Mais si le rapprochement est surprenant, il reste dans la droite ligne de la mission de la Galerie Tretiakov. Les conservateurs ont souhaité ne prendre aucun parti et montrer l’histoire de l’art russe à travers toutes ses composantes.
Aussi suspecte soit-elle du point de vue idéologique et artistique, la peinture socialiste-réaliste présente en effet un véritable intérêt historique, pour qui s’intéresse au XXe siècle. Les amateurs d’art seront évidemment davantage attirés par les salles qui présentent les œuvres de Larionov, Gontcharova, Malevitch, Tatline et Klioune, jusqu’à Filonov, redécouvert par les Russes il y a seulement cinq ans.
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Tatline et Staline
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°77 du 19 février 1999, avec le titre suivant : Tatline et Staline