Bâle accueille chaque année un grand nombre d’expositions importantes au moment de la Foire d’art moderne et contemporain. De Rothko aux sœurs Khedoori, voici une sélection de quelques-uns des événements incontournables.
Avoir la ligne
Considérée par ses pères comme le “péché originel” de l’abstraction, voire l’ennemi à conjurer, l’ornementation est au centre de l’exposition proposée par la Fondation Beyeler cet été. Le XXe siècle passé, “Ornement et abstraction” repense à travers près de 300 œuvres les passerelles entre le grand art et les arts appliqués, entre la ligne abstraite et l’arabesque décorative. Points d’orgue de cette manifestation, la reconstitution de la chambre de Mondrian pour Ida Bienert ou des installations spécifiques de Daniel Buren et Sol LeWitt. Autour des figures tutélaires de Kandinsky, Mondrian, Matisse et Frank Stella, le parcours multiplie les chapitres comme “Prologue : Orient-Occident” ou “L’ornement (numérique) des masses” pour tenter de cerner les enjeux de ces affinités, des origines de l’art abstrait, aux installations multimédia de Shirin Neshat et Peter Kogler.
ORNEMENT ET ABSTRACTION, du 10 juin au 23 septembre, Fondation Beyeler, Baselstrasse 77, Riehen/Bâle, tél. 41 61 645 97 00, tlj 10h-18h, mercredi 10h-20h, samedi et dimanche 9h-19h ; www.beyeler.com
Rothko, encore
L’on pensait tout savoir et tout avoir vu de Rothko après la grande rétrospective que lui a consacrée l’année dernière le Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Initiée tardivement, l’exposition aujourd’hui présentée à la Fondation Beyeler à Riehen, près de Bâle, offre des séries rarement vues. La Fondation dévoile même, avec Greens and Blue on Blue (1956), une toile qui a été omise dans le catalogue raisonné de l’artiste. Mais la force de la manifestation bâloise réside dans la présentation de grands ensembles, à l’image de la monographie réalisée à la Sidney Janis Gallery (1955) et reconstituée grâce au prêt exceptionnel d’une toile conservée au Musée d’art contemporain de Téhéran. De la petite salle réunissant des œuvres de la Philips collection de Washington au Harvard Murals réalisés en 1961, la fondation suisse a recréé, grâce au travail d’Oliver Wick, le commissaire de l’exposition, une série de présentations qui rendent cet événement incontournable pour qui s’intéresse au travail de l’Américain.
MARK ROTHKO, jusqu’au 24 juin, Fondation Beyeler
Retour sur Böcklin
Le centenaire de la mort d’Arnold Böcklin (1827-1901) ne pouvait pas passer inaperçu dans sa ville natale. Plus de vingt ans après la dernière grande exposition monographique qui lui a été consacrée, le peintre reçoit les honneurs du Kunstmuseum avant ceux, cet automne, du Musée d’Orsay. Près de 90 tableaux provenant de collections publiques ou privées, dont la toujours terrifiante Île des morts, sont rassemblés pour retracer la carrière de l’artiste. Parti du paysage antique et de ses divinités, Böcklin développe parallèlement à ses périples en Allemagne, Suisse et Italie, une œuvre charnière qui assure la liaison entre la fin du Romantisme et le Symbolisme naissant.
ARNOLD BÖCKLIN, jusqu’au 26 août, Kunstmuseum, 16 St-Alban-Graben, Bâle, tél. 41 61 206 62 62, tlj sauf lundi, 10h-17h, mercredi 10h-19h ; www.kunstmuseumbasel.ch
Du plan à l’espace
Pour sa première exposition en Europe, Toba Khedoori, jeune artiste d’origine australienne vivant à Los Angeles, offre au visiteur du Musée d’art contemporain de Bâle un travail inédit, assimilable à une installation. Travaillant sur une fine couche de cire, l’artiste grave des perspectives, fragments d’architectures vides de toutes figures humaines qui imposent au spectateur leur présence fragile. D’une génération antérieure, Vija Celmins partage avec Toba Khedoori une même attention à l’espace, même s’il s’agit ici de celui de l’univers. Sur des petits formats, l’artiste qui débuta sa carrière aux États-Unis dans les années 1970, réalise au pinceau et au fusain des vues tirées de photographies de la mer, de la nuit étoilée ou d’un sol rocheux.
TOBA KHEDOORI ; VIJA CELMINS, jusqu’au 29 juillet, Museum für Gegenwartkunst, Alban-Rheinweg St 60, Bâle, tél. 41 61 272 81 83, tlj sauf lundi, 11h-20h ; www.mgkbasel.ch
Sculptures cinématographiques
À ne pas confondre avec sa sœur jumelle qui expose dans le Musée d’art contemporain voisin, Rachel Khedoori a, elle, porté son attention sur le cinéma. Utilisant le projecteur et la pellicule 16 mm de manière sculpturale, cette dernière réalise des installations qui intègrent le visiteur tout en se mêlant avec l’architecture du lieu. À la Kunsthalle de Bâle, Khedoori livre en sept œuvres autant de métaphores de la perception et de la mémoire, où se multiplient les générations d’images.
RACHEL KHEDOORI, jusqu’au 5 août, Kunsthalle Basel, Steinenberg 7, Bâle, tél. 41 61 272 48 33, tlj sauf lundi 11h-17h, mercredi 11h-20h30 ; www.kunsthallebasel.ch
À voir et à entendre
Dernier-né des musées de Bâle, le Musikmuseum s’est installé dans un ensemble de bâtiments, dont la partie la plus ancienne remonte au XIe siècle. Peut-être pour vérifier si la musique adoucit vraiment les mœurs, c’est dans cette ancienne prison que sont désormais détenus plus de 600 instruments, placés dans 24 cellules. Centrées sur l’histoire de la musique en Europe des cinq derniers siècles, les collections sont regroupées autour de thèmes qui s’attachent à l’usage des instruments : concerto, choral, danse, parade, fête et signaux.
MUSIKMUSEUM, Im Lohnhof 9, Bâle, tél. 41 61 205 86 00, tlj sauf samedi et lundi, 14h-19h, jeudi, 14h-20h, dimanche 11h-16h ; www.historichesmuseumbasel.ch
ET AUSSI
Tableaux d’honneur
Sélectionnés dans les écoles d’art françaises par un comité constitué du directeur du Portikus de Francfort, Daniel Baumann, du critique Pierre Leguillon, de l’artiste Rainer Oldendorf et de l’historien Daniel Dobbels, quarante jeunes artistes présentent leurs travaux au parc des expositions de Mulhouse. “Sélection off” réservée à des expositions monographiques, “Mulhouse 001” est l’occasion pour les visiteurs de la Foire de Bâle de découvrir de nouveaux talents et les écoles dont ils sont issus. Un jury dans lequel se retrouvent des personnalités “frontalières” du monde de l’art (Peter Pakesch, directeur de la Kunsthalle de Bâle, Fabrice Hergott, directeur des Musées de la Ville de Strasbourg) décernera à cette occasion un prix de 100 000 francs comprenant la production d’une exposition à Mulhouse. Enfin, parallèlement à cet événement, se déroulera à l’École des beaux-arts de la ville un colloque intitulé “Section film”.
MULHOUSE 001, du 14 au 17 juin, Parc Expo, 120 rue Lefebvre, Mulhouse, tél. 03 89 46 80 00, tlj 10h-20h
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Rothko, Böcklin et les autres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°129 du 8 juin 2001, avec le titre suivant : Rothko, Böcklin et les autres