Avec le nouveau fonds de dotation Inpact, le mécénat culturel pourrait amorcer un virage vers la philanthropie.
PARIS - « Exemplarité, éthique, transparence et sobriété ». Dans son discours de lancement, prononcé le 14 mars à Paris devant une assemblée de chefs d’entreprise et de mécènes, Laurence Drake, la délégué générale du dernier né des fonds de dotation culturel, n’a pas manqué d’insister sur les nouvelles valeurs du mécénat promues par le fonds Inpact (Initiative pour le partage culturel). Le ministre de la Culture, très attaché à ce projet, a de son côté évoqué le « chaînon manquant entre monde associatif et entreprises », parlant d’une structure complémentaire dégagée « des lenteurs des procédures publiques ». Les choses vont toutefois bien au delà. Après des années passées à considérer les entreprises comme des supplétifs du financement déficient des institutions culturelles, au risque d’un mélange des genres avec la communication, l’heure semble en effet venue d’envisager les choses sous l’angle de la philanthropie. Porté sur les fonds baptismaux par la cellule mécénat du ministère de la Culture, pour répondre notamment au vœu du ministre d’agir en faveur de la « culture partagée », la création d’Inpact signe manifestement un changement d’ère dans le domaine du mécénat tel qu’il se pratique en France depuis 2004. Et tel qu’il a été vertement critiqué pour certaines de ses dérives – et toutes n’ont pas été rendues publiques ! – par un récent rapport de la Cour des Comptes.
Avec Inpact, la philosophie est toute autre. Laurence Drake en convient : « nous ouvrons une nouvelle voie ». Optant pour la forme du fonds de dotation, la structure – créée à l’origine pour trois ans, mais destinée à être prolongée –, engage en effet ses donateurs sur la durée.
Onze entités et philanthropes (1) ont d’ores et déjà répondu présents, tout comme un mécène, la Fondation Bettencourt-Schueller, et ont abondé le fonds de 2,2 millions d’euros, somme relativement modeste dans la mesure où, conformément au principe du fonds de dotation, seuls les intérêts sont consommés. Tous siégeront au sein du conseil d’administration, présidé par Philippe Vaysettes, président du directoire de Neuflize-OBC, où figureront également deux représentants du ministère de la Culture, mais aussi au conseil d’orientation qui, lui, sera susceptible de s’ouvrir au gré des initiatives. C’est cette dernière instance qui sélectionnera les projets à soutenir, plusieurs d’entre eux devant être prochainement lancés dans le domaine du spectacle vivant et du numérique. Cette collégialité vise également à éviter de réduire Inpact à un simple relais des politiques de chaque entreprise. Le champ d’action du fonds, conçu comme un « incubateur », est à la fois simple et vaste, misant sur la recherche d’excellence culturelle, l’égalité des chances et le lien social. « Transmettre, éduquer, créer du lien, réduire la fracture sociale » en intervenant sur différents champs, des zones rurales aux quartiers défavorisés, en passant par les territoires ultra-marins. Pour le moment, Laurence Drake préfère affiner son projet que de courir les mécènes. Mais elle l’assure : « Inpact sera demain un acteur essentiel de la vie culturelle ». Une chose est sûre à ce jour : la concurrence se durcit bel et bien en matière de mécénat culturel.
(1) Banque Neuflize OBC, Crédit Agricole SA, la Compagnie de Phalsbourg, le Groupe Dassault, le Groupe Mazars, la Caisse des Dépôts et Consignations, la Fondation d’entreprise La Poste, la Fondation d’entreprise Crédit Coopératif, Monsieur et Madame Philippe Journo, Monsieur Frédéric Jousset.
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Retours aux fondamentaux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°366 du 30 mars 2012, avec le titre suivant : Retours aux fondamentaux