La suspension des contributions américaines et israéliennes à conduit l’Unesco à faire des économies drastiques.
PARIS - La 189e session du Conseil exécutif de l’Unesco débute le 27 février dans un climat particulièrement tendu. L’organisme pour la culture, la science et l’éducation des Nations Unies fait face à une crise financière sans précédent depuis la suspension, en signe de protestation, des contributions américaines et israéliennes. Un régime sec provoqué par l’arrivée de la Palestine en tant que 195e membre de l’Unesco le 31 octobre 2011. Il a fallu agir vite pour clôturer le budget biennal 2010-2011, amputé de 72 millions de dollars, en moins de six semaines. L’objectif a été atteint, mais les mesures furent drastiques.La première étape fut la réduction des dépenses, à hauteur de 31,2 millions de dollars, dont 10,5 millions proviennent du secteur de l’Éducation. Le nombre des missions a été divisé par trois et leur coût pour la même période en 2010 a été réduit de 65 %. Les recrutements et les promotions ont été gelés, tandis que certains contrats n’ont pas été reconduits – en Europe et en Amérique du Nord pour la grande majorité. Enfin, parmi les nombreuses mesures abandonnées, la quasi-totalité des projets de publication a été mise en ligne (voire annulée ou reportée), au lieu d’être imprimée. La seconde étape fut la création d’un Fonds d’urgence multidonateurs, crédité fin janvier de plus de 25 millions de dollars (20 millions de dollars versés par le Qatar, 5 millions par la Turquie, 100 000 dollars par l’Islande, et 16 000 dollars par Andorre, Chypre, Luxembourg, Monaco et San Martin). Certains pays en développement ont même fait d’importantes promesses de dons (Indonésie : 10 millions de dollars, République du Congo : 3 millions ; Gabon : 2 millions ; Timor Leste : 1,5 million). Et le public s’est mobilisé, générant des dons individuels totalisant 30 000 dollars.
Moderniser le financement de l’Unesco
Au 1er janvier 2012, moment de l’adoption et de la mise en œuvre d’un programme et d’un budget biennal 2012-2013, l’Unesco ne dispose que de 465 millions de dollars – contre 653 millions pour le budget 2010-2011. L’occasion pour la directrice générale Irina Bokova de revoir de fond en comble la structure et les méthodes de travail de l’Unesco : « L’enjeu, maintenant, c’est, pour nous, de changer de façon de travailler, et d’introduire des changements pérennes, susceptibles de modifier notre structure de coûts de façon durable, pour les prochaines années, y compris lorsque le financement américain sera rétabli », explique-t-elle, consciente de la nécessité d’une reforme sans perdre confiance en l’avenir. Une volonté de modernisation pourtant déjà entamée, et confortée par une évaluation externe en cours depuis 2010. Contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, les mesures d’économie visent la machine Unesco, plus que ses programmes. À titre d’exemple, les missionnés bénéficieront de la classe affaires à partir de 9 heures de voyage, contre huit auparavant – ce qui correspond à une économie de 2,4 millions de dollars en un an ! Chaque secteur devra se serrer la ceinture, et proposer un budget reflétant les 29 % d’économie requis. Entre renégociations de contrat avec les fournisseurs, réductions des frais journaliers, et abandon du papier pour le tout numérique, la directrice générale réaffirme son soutien aux programmes Priorité globale Afrique et Égalité des sexes, ainsi que des actions ciblées pour la jeunesse, les pays en sous-développement, les états insulaires en développement, et les pays en situation de post-conflit et de post-catastrophe. En attendant une feuille de route plus précise établie à l’issue de la session du Conseil exécutif qui doit s’achever le 10 mars.
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Régime sec à l’Unesco
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°364 du 2 mars 2012, avec le titre suivant : Régime sec à l’Unesco