L’exposition de la collection de Dakis Jouannou mise en scène par Jeff Koons au New Museum de New York suscite la controverse
NEW YORK - Fin septembre, le New Museum, à New York, a annoncé la tenue prochaine d’une exposition consacrée à la collection du promoteur immobilier Dakis Joannou, l’un des membres du conseil d’administration du musée. L’exposition proposera une sélection d’œuvres réunies par le magnat grec pour sa Fondation Deste à Athènes, et devrait ouvrir ses portes au début du mois de mars 2010. Jeff Koons sera le commissaire de la présentation qui occupera l’intégralité du musée sur Bowery à Manhattan – Joannou a commencé à collectionner les œuvres de l’artiste américain dès les années 1980.
La manifestation est la première d’une programmation intitulée « Le Musée imaginaire ». Cette série d’expositions de collections particulières a provoqué l’indignation dans la blogosphère artistique new-yorkaise. Certains commentateurs ont sèchement remis en question le cadre éthique de cette collaboration avec Joannou, l’un des administrateurs du musée et le plus important collectionneur privé d’œuvres de Koons. De plus, le directeur des expositions spéciales au New Museum, Massimiliano Gioni, a non seulement organisé des expositions à la Fondation Deste, mais il y a aussi emprunté des œuvres pour ses propres expositions à New York.
« Faire avancer le débat »
Cette question d’un éventuel conflit d’intérêts a été soulevée précédemment lors d’expositions similaires. L’année dernière, le Los Angeles County Museum of Art (Lacma) a inauguré son Broad Contemporary Art Museum, qui présente les œuvres provenant de la Eli and Edythe Broad Art Foundation et sélectionnées par le conservateur attitré de la fondation. Au même moment, Eli Broad annonçait qu’il ne ferait don au musée qui porte son nom d’aucune œuvre de sa fondation.
La directrice du New Museum, Lisa Phillips, estime que la controverse justifie en partie la tenue de l’exposition. « Nous souhaitons faire avancer le débat », dit-elle, ajoutant que l’intégralité des coûts de l’exposition serait prise en charge par le musée et que le conseil d’administration du musée a pour principe d’interdire à ses membres de prêter une œuvre s’ils ont la ferme intention de la vendre par la suite.
D’après les recommandations de l’Association des directeurs de musées américains, un collectionneur digne de ce nom est défini comme une personne « dont l’engagement favorise la programmation du musée » et qui a prouvé « un soutien assidu au musée ». Le conservateur en chef Richard Flood indique pour sa part que le concept du « Musée imaginaire » est né bien avant l’idée d’une exposition de la collection Joannou, et que l’invitation faite à Jeff Koons est venue directement du musée et non pas de l’administrateur collectionneur. De quoi calmer la polémique ?
THE IMAGINARY MUSEUM : DAKIS JOANNOU COLLECTION, du 3 mars au 6 juin 2010, New Museum, 235 Bowery, New York, tél. 1 212 219 1222, www.new-museum.org
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Question d’éthique
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°314 du 27 novembre 2009, avec le titre suivant : Question d’éthique