L’oligarque russe, fondateur du Garage Museum à Moscou, semble jouer un rôle dans le conflit ukrainien.
Les lecteurs du Journal des Arts ont souvent vu le nom de Roman Abramovitch dans ses colonnes, en tant que collectionneur et amateur d’art. Depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, l’oligarque russe fait aussi parler de lui en tant que possible conciliateur dans le conflit ukrainien.
Né d’une mère ukrainienne et d’un père biélorusse, Roman Abramovitch est un homme d’affaires et un homme politique, à la tête d’une fortune estimée (en 2021) à 15,4 milliards de dollars. Ancien gouverneur du district autonome de Tchoukotka (situé à l’extrémité nord-est de la Russie) de 2000 à 2008, il achète en 2003 le club de football de Chelsea, avant de faire son entrée dans le monde de l’art. Entre 2008 et 2013, il acquière des œuvres de Lucien Freud, Francis Bacon et Ilia Kabakov. Dans le même temps, il fonde à Moscou, avec Doria Joukova, son ex-épouse, un centre d’art contemporain de grande envergure : Le Garage.
Le 28 mars 2022, le Wall Street Journal a révélé que Roman Abramovitch et deux ukrainiens ont, dans la nuit du 3 au 4 mars 2022, développé des « symptômes » d’un « empoisonnement », alors qu’ils se trouvaient à Istanbul dans le cadre des discussions entre l’Ukraine et la Russie. L’AFP et Bellingcat ont rapidement confirmé cette information sur Twitter, mais la nature du poison et l’identité des empoisonneurs sont à ce jour inconnues.
Au lendemain de l’annonce du Wall Street Journal, Roman Abramovitch se retrouvait à Istanbul, au palais de Dolmabahce, pour poursuivre les négociations. L’oligarque est à présent considéré comme un possible conciliateur dans la crise ukrainienne, « l’homme qui peut devenir très précieux », selon Lukas Aubin, auteur de La Sportokratura sous Vladimir Poutine (2021, éd. Bréal). « C’est la seule grande fortune à s’être embarqué dans une telle aventure », a-t-il ajouté. Pourquoi ? Parce qu’il a l’attention tant du président russe Vladimir Poutine que du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a attesté de son rôle de conciliateur : « Il a participé au stade initial des négociations ». Volodymyr Zelensky a déclaré avoir reçu des appels de plusieurs hommes d’affaires russes dont Roman Abramovitch : « on a eu des signaux de lui et quelques autres hommes d’affaires », a-t-il déclaré avant d’ajouter qu’il était prêt à les entendre.
Proche du président Vladimir Poutine, Roman Abramovitch figure dans la liste des oligarques frappés par les sanctions de l’Union européenne et du Royaume-Uni, dont le gel de ses avoirs et la suspension de son club de football, qu’il s’apprête à vendre. En revanche, les États-Unis ne l’ont pas sanctionné. Selon le Wall Street Journal, Volodymyr Zelensky serait intervenu auprès du président des États-Unis Joe Biden pour lui demander de ne pas sanctionner cet intermédiaire utile.
Dans le même temps, le Garage Museum a décidé de suspendre ses activités : « L’équipe du Garage Museum of Contemporary Art a décidé d’arrêter le travail sur toutes les expositions jusqu’à ce que la tragédie humaine et politique qui se déroule en Ukraine cesse. Nous ne pouvons pas entretenir l’illusion de normalité lorsque de tels événements se produisent », est-il indiqué sur le site du musée.
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