Contre 4 millions d’euros, le Musée prête ses chefs-d’œuvre à Vérone
PARIS - Après Atlanta et Abou Dhabi, Henri Loyrette va envoyer plus de cent vingt chefs-d’œuvre du Louvre à Vérone contre la coquette somme de 4 millions d’euros. L’heureux signataire du chèque n’est autre qu’une société privée d’organisation d’événements dits « culturels » basée à Trévise. La Linea d’Ombra, fondée par Marco Goldin, a présenté le projet devant la presse le 4 avril à Milan. Intitulée « Le Louvre. Chefs-d’œuvre à Vérone. Léonard, Raphaël, Rembrandt et les autres – Portraits et figures », l’exposition se tiendra au Palais de la Gran Guardia du 19 septembre 2008 au 15 février 2009. La Belle Ferronière, de Léonard de Vinci, jamais sortie du Louvre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en sera la vedette.
Si les tableaux impressionnistes du Musée d’Orsay sont régulièrement expédiés en Asie contre rétribution, est-il vraiment nécessaire d’envoyer autant d’œuvres fragiles dans un pays voisin dont les musées regorgent de tableaux similaires ? D’autant que la contrepartie est faible au regard du milliard d’euros du projet à Abou Dhabi ! Avec 264 300 habitants, Vérone a reçu 600 000 touristes en 2006, un chiffre peu élevé comparé aux dizaines de millions de visiteurs qui se pressent à Paris chaque année – les Italiens figurent au troisième rang des touristes étrangers en Ile-de-France. L’adjointe à la culture du maire de Vérone, Erminia Perbellini, ne cache pas l’intérêt économico-touristique de la manifestation, organisée en hiver pour animer la morte saison et censée redonner de l’éclat au patrimoine véronais. Marco Goldin n’a pas un mais quatre projets d’exposition pour la ville, avec le Musée Rodin (2010-2011), le Museum of Fine Arts de Boston (2009-2010), et les musées Van Gogh d’Amsterdam et Kröller-Müller d’Otterlo (2011-2012). À ce jour, la municipalité n’est prête à financer que le seul projet avec le Louvre, et injectera, faute de mécène, près de 9 millions d’euros pour l’opération.
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Prêts décomplexés
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°279 du 11 avril 2008, avec le titre suivant : Prêts décomplexés