PRAGUE / RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
Le peintre a remplacé sur la copie les visages de certaines figures peintes sur l’original par ceux de ses amis.
En 2018, le calendrier de l’horloge astronomique de Prague (Pražský orloj en tchèque) avait été déposé pour être restauré puis transféré au Musée de la ville. Depuis, il a été remplacé par une copie commandée au peintre restaurateur Stanislav Jirčík. D’abord passée inaperçue, la restauration de ce panneau peint suscite à présent la colère d’une partie des habitants de la ville. L’un des membres de l’association Le Club pour le vieux Prague (organisation pour la protection du patrimoine de la ville), Milan Patka, s’en est fait l’écho en appelant le service patrimoine du ministère tchèque de la culture à réagir.
Milan Patka reproche à Stanislav Jirčík d’avoir pris trop de libertés dans sa copie de l’original peint par Josef Mánes (1820-1870) au XIXe siècle. L’apparence d’une dizaine de figures a été modifiée. Leurs âges, sexes et identités ont changé. Le peintre restaurateur aurait même pris certains de ses amis pour modèles. Sous les traits de l’un des personnages représentés sur le calendrier serait ainsi cachée l’historienne de l’art et amie du peintre Katerina Tučková.
« Je pense que personne n’a supposé à un seul instant que quelqu’un oserait modifier autant l’original. Ce sont des employés de la mairie qui n’ont pas de formation en histoire de l’art qui ont réceptionné l’œuvre et je suppose que ça ne leur est pas venu à l’esprit. Malheureusement, ils n’ont pas fait appel à des experts en art lors de la réception », a déclaré Milan Patka.
L’affaire embarrasse les conseillers municipaux de Prague qui rappellent que la restauration de l’horloge astronomique a été menée par leurs prédécesseurs. L’adjoint au maire chargé de la culture Adam Scheinherr dit ne pas exclure la commande d’une autre copie du calendrier. Dans l’attente, il souhaite faire la lumière sur les intentions de Stanislav Jirčík : « J’aimerais avoir une discussion sérieuse avec Stanislav Jirčík et lui demander quelle a été son intention. Nous avons de nombreuses esquisses de l’originale, il lui était donc possible d’y être fidèle. »
Pour Katerina Tučková, il ne s’agit pas d’une restauration manquée. Il serait plutôt question d’une œuvre nouvelle : « Je voudrais souligner que Stanislav Jirčík n’avait pas pour mission de restaurer l’original de Mánes mais de créer une copie ou une œuvre nouvelle », dit-t-elle.
Réalisé par le peintre tchèque Josef Mánes en 1886, le calendrier donne à voir les signes du zodiaque et les douze mois de l’année illustrés par des scènes de la vie paysanne en Bohême. Il est un des nombreux éléments que compte l’horloge astronomique de Prague. Construite en 1490 par le maître horloger Jan Růže, cette horloge est un des symboles de la ville. Elle a été plusieurs fois restaurée : en 1948 après la 2nde guerre mondiale puis en 1996 et en 2018.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Prague, quand le copiste prend des libertés avec une œuvre
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €