NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Une photographe accusait le pop artiste d’avoir utilisé illégalement un de ses clichés pour créer une sérigraphie sur Prince.
Les « Prince » d’Andy Warhol n’enfreignent pas le droit à la propriété intellectuelle, a conclu un tribunal new-yorkais le 1er juillet dans un litige qui opposait la Andy Warhol Foundation à la photographe de célébrités Lynn Goldsmith. En 2017, cette dernière avait assigné la fondation en reprochant à Warhol (décédé 30 ans plus tôt) d’avoir utilisé illégalement son portrait du chanteur Prince dans une sérigraphie.
Le cliché en noir et blanc de Lynn Goldsmith avait été pris en décembre 1981 pour le magazine Newsweek, mais ne fût jamais publié. Vanity Fair en acheta les droits pour une unique utilisation au prix de 400 dollars, puis demanda à Andy Warhol de s’en servir comme base pour illustrer un article sur Prince - commande qui donna naissance à la « Série Prince », soit une douzaine de peintures sérigraphiées, deux imprimés sur papiers et deux dessins. L’ensemble avait été créé en 1984, mais Lynn Goldsmith n’en aurait découvert l’existence qu’en 2016 via la publication sur internet, à l’occasion du décès du chanteur, de l’ancien article de Vanity Fair où figurait l’image d’une des sérigraphies.
L'année suivante, la photographe engagea une procédure judiciaire pour obtenir des indemnités contre la Andy Warhol Foundation, qui représente l’artiste. En cause, le « contraste frappant » entre l’œuvre originale et les créations de l’artiste américain. La suppression de l’ombrage progressif ainsi que l’ajout de contours et de couleurs seraient autant de caractéristiques esthétiques rendant les sérigraphies « immédiatement reconnaissables comme un Warhol, à l’exemple des représentations de Marilyn Monroe ou Mao », selon John G. Koelt. Le magistrat, ne cachant pas sa sympathie pour l’œuvre de Warhol, a estimé que ce dernier avait « converti un Prince d’aspect vulnérable [sur la photo originale] en icône plus grande que nature ». Une transfiguration si radicale qu’elle ne contrefaisait pas la photo.
À l’annonce de la décision du tribunal, l’avocat de Lynn Goldsmith a déploré un symptôme de « l’érosion graduelle du droit des photographes au profit d’artistes apposant leur nom sur des clichés qui, en d’autres circonstances, seraient reconnus comme des œuvres dérivées », rapporte le New York Times. Il envisage de faire appel.
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Pour la justice, Warhol n’a pas contrefait une photo de Prince
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