L’église Saint-Pierre de Firminy (Loire), ville de l’agglomération de Saint-Étienne, est un projet singulier à bien des égards, par la genèse du projet, l’histoire de cette commande et des hommes. L’église s’inscrit dans un ambitieux projet, « Firminy Vert ».
Firminy n’a pas été touchée par la guerre, mais par la fin de la mine. Claudius Petit, qui fut ministre de la reconstruction et maire de Firminy de 1953 à 1971, pense la modernisation de sa ville et mandate à partir de 1958 Le Corbusier d’une étude. Firminy-Vert est la volonté d’un homme et la foi d’un commanditaire en un architecte. Se crée autour de ce grand projet un noyau d’hommes – du commanditaire au maître d’oeuvres – qui appartiennent au même réseau et en sont les chevilles ouvrières. Il y a peut-être une vision naïve, mais c’est une pensée humanisée et généreuse de l’homme dans son environnement. La ville est traversée, innervée par un réseau qui mêle le public et le privé. La pensée de Claudius Petit est au diapason de celle de Le Corbusier, qui dessine tour à tour le stade, la maison de la culture, les unités d’habitation (dont une seule sera construite) et l’église. La construction de l’église (1962/2006) est une bataille, cinquante ans séparent la première ébauche de Le Corbusier et de son assistant José Oubrerie qui fut en charge de sa livraison finale. Le bâtiment abrite désormais au rez-de-chaussée une annexe du Musée d’art moderne de SaintÉtienne et au premier étage une salle qui pourra être dédiée à des célébrations religieuses ou des manifestations laïques diverses, à l’exemple de concerts.
Béton apprivoisé
Le résultat : un bâtiment d’une facture très contemporaine. Le Corbusier y a ici une écriture affirmée et semble avoir complètement apprivoisé le béton. L’église de l’extérieur vient s’inscrire parfaitement dans le site. Elle ne l’écrase pas. La découverte de l’espace intérieur crée la surprise surtout dans la salle supérieure qui nous élève et nous fait approcher la notion d’espace infini. Un lieu magique généré, entre autres, par la lumière provenant des canons à lumière en partie haute du fût de béton, d’une constellation déployée sur tout un côté, d’un ensemble de fentes horizontales qui descendent tel un pointillé chargé des couleurs emblématiques de l’architecte : jaune, rouge, ainsi qu’un balayage de lumière dont la provenance reste inexpliquée. Après une seule visite, elle nous est déjà familière. Yvan Mettaud, conservateur du patrimoine de la Ville de Firminy, qui m’a guidée dans cette cité, me disait cependant que « la plus belle bataille serait de voir l’oeuvre de Le Corbusier inscrite au Patrimoine de l’Unesco et faire entrer l’habitat social au titre de patrimoine de l’humanité. » Firminy a ainsi un taux d’habitat social de 47 %, l’unité d’habitation accueille et revendique une mixité sociale, des demandeurs d’asile, des RMIstes parmi des cadres, des fonctionnaires, des élus... Comme l’ajoute Yvan Mettaud : « Si l’on écoute certains, il devrait y avoir ici le feu tous les jours. Mais les gens sont heureux de vivre là. »
Rens. 04 77 56 30 22
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Pierre, sur cette pierre je bâtirai une ville
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°250 du 5 janvier 2007, avec le titre suivant : Pierre, sur cette pierre je bâtirai une ville