Coopération

Perspektive 2015 est lancé

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · Le Journal des Arts

Le 25 novembre 2014 - 834 mots

Initiative franco-allemande, le nouveau fonds de soutien Perspektive va permettre la réalisation de projets d’art contemporain et d’architecture.

Une semaine avant la Fiac, le Bureau des arts plastiques de l’Institut français d’Allemagne a publié le premier appel à projets de Perspektive, un nouveau fonds lancé en mai dernier lors de la Biennale de Berlin. Disposant d’un budget de lancement de 40 000 euros, qui devrait s’étoffer avec l’arrivée de nouveaux partenaires et mécènes privés, le fonds a été monté en partenariat avec le Goethe-Institut et les directions générales de la Création artistique et des Patrimoines du ministère de la Culture. « Les projets, c’est une nouveauté, seront sélectionnés par un comité indépendant d’experts », déclare Cathy Larqué, responsable du Bureau des arts plastiques. Le but : permettre une totale transparence et indépendance de choix.

Le comité, à parité français et allemand, comprend les architectes Eike Becker et Patrick Bouchain, le collectionneur Arthur de Ganay, la responsable de la programmation du Centre Pompidou-Metz Hélène Guenin et les commissaires d’exposition Jean-Hubert Martin et Lisa Marie Schmidt (Nationalgalerie, à la Hamburger Bahnhof). « Le cœur de métier du Bureau est de soutenir les institutions allemandes lorsqu’elles produisent des expositions d’artistes émergents français en Allemagne », ajoute Cathy Larqué. « Le fonds interviendra en amont, pour favoriser les rencontres entre artistes, architectes, et intermédiaires de la profession », précise-t-elle. Seules les institutions publiques, y compris les écoles d’art souhaitant favoriser la mobilité de leurs étudiants, et les institutions privées, telles que les galeries et espaces-projet, pourront postuler à ce fonds.

En poste depuis 2011, Cathy Larqué, 40 ans, historienne de l’art de formation, souhaite élargir les activités du Bureau des arts plastiques au secteur de l’architecture : « L’architecture est un sujet de la création tout comme l’art plastique, précisément dans le contexte actuel où l’architecture est souvent citée aux côtés de la question de l’art, par exemple dans le cadre de la fondation Vuitton ». Le programme Jeunes Commissaires, un des deux qu’elle a initiés, a développé une collaboration avec quatre institutions allemandes, dont le NBK à Berlin et l’Akademie Schloss Solitude à Stuttgart. En outre, dans le cadre du projet In Extenso, quatre jeunes commissaires, Agnès Violeau, Karima Boudou, Céline Poulin et Florence Ostende, sont chargées d’organiser chacune une rencontre publique avec diverses personnalités. Parmi les premiers invités figurent les artistes Christian Jankowski, Jimmie Durham, Jean-Pascal Flavien, ainsi que l’architecte Laurence Kimmel. Elles présenteront l’issue de leurs travaux lors d’une exposition l’année prochaine au Deutsches Architektur Zentrum. Ces commissaires sont confrontées à un double enjeu : collaborer avec une scène artistique étrangère et alors qu’elles viennent de l’art contemporain, travailler également avec le milieu de l’architecture. « La porosité entre les deux domaines n’est pas si évidente. L’ouverture de part et d’autre de l’art contemporain et de l’architecture reste exotique », ajoute Cathy Larqué.

Berlin attire les initiatives françaises
Selon une étude du chercheur Michel Stiernon*, environ 700 artistes français seraient basés dans la capitale allemande. Lorsqu’un nouvel arrivant se présente, Cathy Larqué conseille : « Venir travailler en Allemagne, ce n’est pas que travailler à Berlin. Il ne faut pas avoir une vision française de Berlin : tout n’y est pas concentré. Il y a énormément de lieux, de musées absolument fabuleux dans tous les autres Länder ». Le Bureau des arts plastiques peut se prévaloir d’un bilan positif : « Les expositions que nous soutenons correspondent environ à un tiers des expositions d’art contemporain [incluant la présence d’artistes français] organisées en Allemagne. » Ce n’est donc pas un hasard si les expositions d’artistes français se sont multipliées dans la capitale allemande ces dernières années : Camille Henrot au Schinkel Pavillon, Kader Attia au KW, pour n’en citer que quelques-unes. Le Bureau n’est pas actif seulement à Berlin, mais finance des expositions dans tous les Länder : « C’est une chance d’avoir un terrain aussi fertile et aussi ouvert à la scène française que l’Allemagne, d’autant plus qu’il y a ici une forte densité de collectionneurs. », précise Cathy Larqué. « La France est en train de reprendre ses lettres de noblesse en matière d’art. On le voit avec la Fiac, qui peut maintenant prétendre à une place internationale en tant que foire », ajoute-t-elle. Deuxième programme qu’elle a initié, Private View a proposé cette année pour la troisième fois consécutive à des collectionneurs allemands un parcours de visites de collections privées et d’ateliers d’artistes en marge de la Fiac. Les ambassadeurs vont et viennent à un rythme de trois à cinq ans, et les responsables du Bureau des arts plastiques restent en poste pour une durée de cinq ans maximum. « Il faut faire en sorte de situer le Bureau des arts plastiques dans un contexte qui se définit sur la longévité et non plus sur de l’événementiel. Les processus de one shot ne sont plus du tout efficaces ni porteurs », conclut-elle.

Note

(1) Michel, STIERNON : Les artistes plasticiens français à Berlin, 1991-2013, 2013, Paris Ouest Nanterre-La Défense, Mémoire d’Histoire de l’art, 208 p.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°424 du 28 novembre 2014, avec le titre suivant : Perspektive 2015 est lancé

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