D’abord présentée au Musée du Québec, l’exposition “Le ludique”? envisage le jeu à travers l’invitation d’une vingtaine d’artistes français et canadiens. Vaste, le thème permet d’approcher, au côté des œuvres de Fabrice Hybert, Boris Achour ou encore d’Adel Abdessemed, des travaux inconnus en France, dont ceux du collectif BGL ou de Claire Savoie.
VILLENEUVE-D’ASCQ - La participation croisée d’artistes français et canadiens est en fait la seule règle du jeu de l’exposition “Le ludique”. Pour le reste, la manifestation, initialement imaginée pour le Musée du Québec par la critique d’art Marie Fraser, profite d’un thème aux contours flous. “Le jeu apparaît avec une intensité accrue depuis quelques années, comme un enjeu des plus dynamiques de la pratique artistique, estime cette dernière dans son introduction au catalogue. Longtemps étudié en philosophie, en anthropologie, en ethnologie, en sociologie ou encore en littérature, il est souvent, dans le domaine de l’esthétique et des arts, assimilé à la notion même d’œuvre d’art ou interprété comme une métaphore de la création.” Dès lors, la problématique permet de jouer plusieurs parties (la réinvention du quotidien, la culture populaire, l’enfance…), mais surtout d’apercevoir, au côté des œuvres des artistes français (Fabrice Hybert, Marie-Ange Guilleminot, Pierrick Sorin, Boris Achour, Malachi Farrell, Adel Abdessemed, Guillaume Paris, Anne Brégeaut, Matthieu Laurette, Loriot & Mélia), des travaux d’artistes canadiens habituellement invisibles dans l’Hexagone. Serge Murphy et Jean-Pierre Gauthier nourrissent une esthétique du bricolage. Visuelle pour le premier (Le Jardin de mon curé, 1998), celle-ci est sonore chez le second dont les petits mécanismes acoustiques font passer Pierrick Sorin, exposé à proximité, pour un sorcier du tout numérique. Gisele Amantea a, elle, réalisé dans le hall d’entrée du musée une peinture murale floquée en prenant pour motif une scène de Popeye (Knockout, 1998). Elle rejoint dans ses couleurs l’acidité des fausses sucreries de Claudie Gagnon mais aussi l’espièglerie exaspérante de la Salle de réunion pour les enfants (2001) de Sylvie Laliberté.
Le rêve de l’élite pavillonnaire
Dans le double registre de la fiction et de la réorchestration de la culture populaire, le jardin banlieusard du collectif BGL convainc davantage. Simultanément vernaculaire et exotique, cette installation déploie à l’échelle un le rêve de l’élite pavillonnaire : une piscine et une Mercedes construites en bois de grange. Plus abstraite, la dernière partie de l’exposition est paradoxalement celle qui entre le plus en correspondance avec l’idée du jeu, en adoptant le motif de la comptine et de la ritournelle. Ainsi, le dispositif imaginé par Claire Savoie, Une date, le nom d’un lieu et l’heure du rendez-vous (1998) s’étire dans une présentation sur deux espaces : un cylindre blanc dans lequel les bulles de savon se multiplient, accompagnées par des voix qui égrènent des nombres, et la projection sur un mur proche d’un travelling circulaire filmé par l’artiste dans son appartement. Plus loin, le Joueur de flûte (1996) d’Adel Abdessemed et sa mélodie hypnotique, tout comme le verre de lait dégoulinant de sensualité de Boris Achour (Un monde qui s’accorde à nos désirs, 2000), rentrent eux aussi dans la ronde.
Jusqu’au 21 août, Musée d’art moderne de Lille-Métropole, 1 allée du Musée, 59650 Villeneuve-d’Ascq, tél. 03 20 19 68 68, tlj sauf mardi, 10h-18h, www.nordnet.fr/mam
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Partie franco-québécoise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°171 du 16 mai 2003, avec le titre suivant : Partie franco-québécoise