La Semaine du dessin propose du 14 au 20 mars de multiples événements autour de cette spécialité. Institutions et marchands exposent leurs plus belles œuvres sur papier.
Paris va vivre au rythme de la Semaine du dessin du 14 au 20 mars, en parallèle au Salon du dessin qui se déroule au Palais Brongniart, dans l’ancienne Bourse de Paris (lire page 17). Dans les galeries, le Quartier Drouot se mobilise, avec quatorze marchands qui présenteront durant la semaine des expositions d’œuvres sur papier. Ce support est également à l’honneur pour la Quinzaine du dessin au Louvre des Antiquaires et dans les expositions de Printemps Rive Gauche. Enfin, les grandes maisons de ventes aux enchères proposent durant cette période des vacations importantes dans la spécialité.
Mais l’événement ne se réduit pas seulement au secteur marchand. La Semaine du dessin réunit cette année une dizaine de musées et d’institutions sur le thème des « Cabinets de dessins – Cabinets de travail ». Parmi les curiosités à ne pas manquer, la Manufacture nationale de Sèvres présente un ensemble d’études d’après nature de Desportes, des œuvres de Redouté et de Brongniart. L’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (Énsb-a) inaugure son Cabinet des dessins Jean Bonna-collection Mathias Polakovits. Ce dernier a fait don, en 1987, de près de trois mille feuilles d’artistes français, avec le souhait qu’elles soient régulièrement présentées au public. La collection comprend des œuvres de Boissieu, Challe, Fragonard ou Hubert Robert. Le XVIIIe siècle est également à l’honneur, au Musée Jacquemart-André, à travers un choix de dessins de Watteau, Boucher, Lancret et Pater, qui n’ont jamais été présentés au public. Du côté des valeurs sûres, le Musée du Louvre s’est associé au Centre Pompidou pour réunir art ancien et art contemporain dans une exposition en deux actes, « Comme le rêve, le dessin » (lire ci-dessous). Le Louvre rassemble aussi dans les salles du pavillon Mollien les minutieux dessins de Jacopo Ligozzi (1550-1627), dessinateur à la cour des Médicis, tandis que le Musée Condé, à Chantilly, puise une nouvelle fois dans les collections du duc d’Aumale pour dévoiler quelques chefs-d’œuvre de Raphaël, Primatice, Michel-Ange, Ingres ou Delacroix...
« Comme le rêve, le dessin » confronte de manière insolite au Musée du Louvre et au Centre Pompidou des esquisses italiennes du XVIe et du XVIIe siècle à des œuvres de Fautrier, Beuys, Vilmouth ou Fontana. Près de quatre-vingts œuvres y sont rassemblées, selon deux grands chapitres (« Le travail du dessin » et « L’espace du rêve »). Comme le souligne Philippe-Alain Michaud – conservateur au Musée national d’art moderne et commissaire de l’exposition –, le déplacement des œuvres change à lui seul la perception que nous en avons. Si le Louvre accueille régulièrement des créations et des artistes contemporains, il est plus rare de voir l’art ancien franchir les portes du Centre Pompidou. Selon le commissaire, le dessin contemporain n’intervient pas ici comme un pendant, n’agit pas en confrontation ou selon des rapprochements thématiques, mais plutôt comme un moyen de faire découvrir autre chose que ce que l’on voit habituellement lorsqu’on étudie un dessin ancien (la manière, le style...). Et d’établir un parallèle entre le processus d’élaboration des œuvres, de leur naissance à leur achèvement, et le processus des rêves, en prenant pour point de départ L’Interprétation des rêves de Freud. L’idée est de faire apparaître, par le biais des dessins contemporains, des phénomènes qui existent dans les esquisses et que l’on trouve dans les rêves. « Le rêve dont nous nous souvenons au réveil n’est que le reste du travail du rêve, le dessin est le reste du travail du dessin », écrit Philippe-Alain Michaud dans le catalogue, à propos de l’œuvre de Jean-Luc Vilmouth présentée au centre de la salle de la Chapelle, au Louvre, un travail sur la trace, directement réalisé au sol par l’artiste, qui existe autant par son résultat (éphémère) que par son processus d’élaboration. La partie proposée au Centre Pompidou réserve de belles surprises, notamment la salle réunissant une dizaine d’études pour une Chute des anges rebelles de Cecco Bravo, présentées dans le noir face au film de Warhol Sleep.
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Paris en feuille à feuille
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Abonnez-vous dès 1 €- Programme complet des manifestations de la Semaine du dessin, dates et horaires des expositions : www.salondudessin.com - Comme le rêve, le dessin, jusqu’au 16 mai, Musée du Louvre, salle de la Chapelle, aile Sully, Paris, tél. 01 40 20 53 17, tlj sauf mardi, 9h-17h30, jusqu’à 21h30 mercredi et vendredi ; Centre Pompidou, galerie d’art graphique, place Georges-Pompidou, Paris, tél. 01 44 78 12 33, tlj sauf mardi et 1er mai, 11h-21h. Cat., 180 p., 29,90 euros.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°210 du 4 mars 2005, avec le titre suivant : Paris en feuille à feuille