Paris, capitale de la photographie

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 13 octobre 2014 - 956 mots

Mois de la photo, Paris Photo, Salon de la photo… En novembre, Paris propose un très grand nombre d’expositions de photographies et d’événements qui se disputent en qualité pour le plus grand bonheur des amateurs.

D'une saison à l’autre, la photographie fixe ses rendez-vous. Après les festivals consacrés au médium qui parsèment le territoire hexagonal du printemps à l’été, l’automne ouvre au rituel des grandes expositions de la rentrée (Garry Winogrand au Jeu de paume, William Eggleston à la Fondation Cartier-Bresson) tandis que le salon Paris photo (du 13 au 16 novembre) est la grand-messe auquel aucun professionnel du monde entier ne déroge. Pendant une semaine, le petit monde international de la photo navigue donc entre le Grand Palais, les maisons de ventes, les galeries et les expositions qui, les années paires, se démultiplient dans Paris avec le Mois de la photo, autre grand rendez-vous dont la programmation encadre cette semaine particulièrement chargée pour ne pas dire folle. Et c’est peu dire, puisque, cette année, le Salon de la photo, qui concentre les différentes marques de matériels photographiques, de la prise de vue à l’impression, se déroule au même moment au Parc des expositions, porte de Versailles (du 13 au 17 novembre), avec pour invitée d’honneur Sabine Weiss, qui, pour ses 90 ans, a l’honneur d’une grande rétrospective et d'un hommage rendu par neuf photographes !

Amateurs célèbres ou anonymes

Durant cette semaine, Paris peut donc à nouveau retrouver momentanément son statut de capitale de la photographie. L’engouement est, comme chaque fois, au rendez-vous. L’explosion de l’offre n’est pas étrangère à cette tendance. La photographie est porteuse, imposant de part et d’autre à faire plus que jamais des choix. Y compris au niveau des grandes institutions. L’ouverture par le Centre Pompidou d’un cabinet dédié spécifiquement à la photographie répond au souci de faire vivre ses collections prestigieuses, notamment sur la période de l'entre-deux-guerres surréaliste, en particulier. Ce n’est donc pas un hasard si le focus de cet espace de 300 m2 est dédié à Jacques André Boiffard, l’un des auteurs emblématiques de ce mouvement. Lorsque, en 1980, Jean-Luc Monterosso crée le Mois de la photo dans le cadre de l’association Paris audiovisuel, il s’agissait de fédérer galeries et institutions publiques ou privées autour du médium, de lui donner également une visibilité auprès du plus grand nombre. On connaît depuis le succès de la biennale, sa duplication dans d’autres capitales de par le monde, concomitant au développement exponentiel du médium dans sa monstration.

Pour son cru 2014, le Mois de la photo, organisé par la Maison européenne de la photographie, ne déroge pas à son principe fondateur de fédérer autour d’une programmation, articulée cette année à partir de trois thèmes : « La photographie méditerranéenne », « Au cœur de l’intime » et « Anonymes et amateurs célèbres ». L’inscription de ce dernier axe dans la 18e édition de la biennale est révélatrice du chemin parcouru par le médium. Inimaginable il y a peu, il s’impose aujourd’hui comme une évidence. « La photographie n’a plus besoin de prouver qu’elle est un art », souligne Valérie Fougeirol, déléguée artistique de ce thème. Ce faisant, ses différents usages ont été progressivement pris en considération par les institutions, élargissant ses cercles d’auteurs et de représentations. « Elle peut donc, poursuit-elle, aller chercher des matériaux pauvres, car relevant de pratiques amateurs, pour les mettre en scène et les confronter à des œuvres de plus grande valeur. » Michel Frizot, qui signe deux expositions sur la photographie anonyme et amateur, l’une à la Mep, l’autre à la Maison de la photographie Robert Doisneau, à partir de ses collectes – il réfute le thème de collection –, fut le premier à lui consacrer un chapitre dans l’ouvrage La Nouvelle Histoire de la photographie, édité il y a trente ans.

De la photographie anonyme ou amateur à celle de l’amateur célèbre Michel Houellebecq, qui a toujours lié la photographie à ses écrits comme le révèle l’exposition que lui consacre le Pavillon carré de Baudouin, la programmation de Valérie Fougeirol déplie jusqu’à la réappropriation qu’en font des artistes comme Stéphanie Soline (église Saint-Eustache) ou Miki Nitadori (Galerie Catherine et André Hug), les nouvelles lectures de ce médium de nos jours. La frontière avec l’intime, autre thème de ce Mois de la photo, est ténue. À l’ère de Facebook ou de Twitter, l’intime, le vrai, s’apparente plus que jamais à cette part de secret, de recherche discrète, d’écriture particulière auxquels seul le temps passé donne la portée. Le livre photo demeure à cet égard plus que jamais le terrain de l’exploration et de l’aboutissement du propos (ou, au contraire, de l’inaboutissement). Le succès grandissant du salon Offprint, consacré uniquement aux éditeurs de livres photo et installé pour sa quatrième édition à l’École nationale des beaux-arts (du 14 au 17 novembre), atteste tant de sa place auprès des auteurs et des lecteurs que de la créativité de la microédition ou de l’autoédition. De même, la création du tout nouveau festival Open VideoArt (du 23 au 26 octobre), initié par Dominique Goutard et Jean-Luc Monterosso, dans le prolongement de la Nuit de l’art vidéo qu’ils ont créée il y a six ans avec Arte, s’inscrit dans le désir de lui donner une plus grande et large visibilité. Leurs partenaires (le Palais de Tokyo, le Centquatre ainsi que six galeries parisiennes) y ont souscrit sans hésiter un instant 

Les acquisitions récentes du MoMA

De coutume, elles sont trois institutions internationales à présenter leurs dernières acquisitions. Pour son édition 2014, Paris photo se focalise uniquement sur celles du prestigieux département de la photographie du Museum of Modern Art, placées depuis plus d’un an et demi sous la direction de Quentin Bajac, ancien responsable du département de la photographie du Centre Pompidou.

« Le Mois de la photo à Paris », 18e édition, novembre 2014. Musées, institutions publiques et privées, galeries à Paris. www.mep-fr.org

« Festival du mois de la photo OFF », novembre 2014. Paris.

« Salon Paris photo »,
du 13 au 16 novembre. Grand Palais, Paris. Ouvert jeudi 13, vendredi 14 et samedi 15 de 12 h 30 à 20 h et dimanche 16 de 12 h 30 à 19 h. Tarifs : 30 et 15 €. www.parisphoto.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°673 du 1 novembre 2014, avec le titre suivant : Paris, capitale de la photographie

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