PARIS [18.10.17] - L'artiste franco-luxembourgeoise Déborah de Robertis, poursuivie pour exhibition sexuelle après une performance en septembre au musée du Louvre, a été relaxée mercredi par le tribunal correctionnel de Paris.
Le 24 septembre, la jeune femme de 33 ans, vêtue d'un pantalon ouvert à l'entrejambe, s'était assise cuisses écartées et sexe apparent sur une tablette en bois installé sous "La Joconde", entourée de deux hommes. Caméra portative GoPro accrochée au front pour filmer la réaction du public, elle avait scandé "Mona Lisa, ma chatte, mon copyright" dans un mégaphone doré, devant plusieurs dizaines de touristes venus admirer le tableau de Léonard de Vinci. Les gardiens du musée avaient fait évacuer la salle et les forces de l'ordre l'avaient interpellée. Elle avait passé deux jours en garde à vue.
Pour le tribunal correctionnel, qui a retenu les arguments de la défense, il s'agissait là d'un "acte militant et artistique" et l'on n'y retrouve "pas d'élément intentionnel" de commettre une exhibition sexuelle. Les juges ont noté "l'absence d'exposition des organes génitaux", "seuls les poils pubiens" étant visibles. L'artiste a en revanche été condamnée à effectuer 35 heures de travail d'intérêt général pour avoir mordu au bras un gardien, protégé par un épais blouson.
"J'ai reproduit une photo très connue de Valie Export", performeuse autrichienne connue pour ses actions provocatrices dans les années 1970, a expliqué l'artiste, chignon et lunettes à monture noire, devant le tribunal. "Ce n'est pas une nudité sexuelle que j'expose, c'est un outil". Cette performance au Louvre consistait à "interroger la place des femmes dans l'histoire de l'art", a-t-elle ajouté. Le parquet avait requis huit mois d'emprisonnement avec sursis.
Jugée en février pour deux autres performances au Musée des arts décoratifs de Paris et à la Maison européenne de la photographie, l'artiste avait été déjà relaxée. Mais elle a cette fois "décidé d'aller beaucoup plus loin, ce n'est pas sa poitrine qu'elle exhibe, mais bien son sexe", a estimé le procureur, vision "imposée" au public. L'affaire a eu "un retentissement complexe" au Louvre, "qui accueille 9 millions de personnes à l'année", a abondé l'avocat du musée et du gardien, Me Anguerrand Colombet. Un public choqué ? "Vous avez vu du traumatisme, vous ?", s'est amusée Me Marie Dosé, avocate de l'artiste : "Attendez, ils filment tous ! Ce sont les gardiens du musée qui leur disent « partez partez ! »." "Si le musée du Louvre propose un jour ce que fait Déborah de Robertis, il n'y aura pas de problème !", a-t-elle souligné.
L'artiste s'était déjà dénudée devant "La Joconde" en avril, au cours d'une autre performance qui ne lui a pas valu de poursuites. Elle avait en outre fait l'objet de rappels à la loi en 2014 et 2016 pour deux actions dénudées au musée d'Orsay: elle y avait imité deux chefs-d'oeuvre, "L'origine du monde", de Gustave Courbet, puis "L'Olympia", d'Edouard Manet.
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Nouvelle relaxe pour l'artiste Déborah de Robertis, poursuivie pour exhibition
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