L’effet du rapport remis au Premier ministre par la mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France ne s’est pas fait attendre. Dès le lendemain, l’Élysée et Matignon commençaient à se séparer des tableaux et objets d’art récupérés après la guerre et mis en dépôt par le Mobilier national.
PARIS - Dans son rapport remis au Premier ministre, la mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France, dite commission Mattéoli, exprimait le souhait que cesse “la mise en dépôt auprès d’administrations de l’État de peintures, d’objets et de sculptures” (lire le JdA n° 77, 19 février). Apparemment, elle a été entendue, et avec une rapidité qui contraste avec l’indifférence longtemps manifestée à l’égard de cette question par les autorités concernées. Le “processus de rapatriement” des biens récupérés après la guerre se trouvant à la présidence de la République “a été engagé au lendemain de la remise du rapport Mattéoli et est en cours”, indique l’Élysée. L’exemple venant d’en haut, Matignon a également réagi avec promptitude : tous les tableaux estampillés MNR – Musées nationaux récupération – et les meubles et objets d’art dits OAR – Objets d’art récupération –, ont commencé à rejoindre les réserves du Mobilier national et du Musée du Louvre. Le bronze de Rodin installé dans les jardins de Matignon les avait déjà quittés pour le jardin des Tuileries, en décembre.
Le rapport a recensé 5 MNR et 53 OAR dans les résidences présidentielles (dont 13 à l’Élysée et 17 à l’Hôtel de Marigny), 5 MNR au Pavillon de la Lanterne à Versailles, résidence du Premier ministre, et 5 OAR à Matignon. Sur une liste des “œuvres de la récupération artistique dont la localisation est incertaine ou inconnue” au 31 décembre 1998, la commission Mattéoli indique que l’Hôtel Matignon est la dernière localisation avérée pour un bureau plat, style Louis XVI, et deux fauteuils, style Louis XIV, prêtés par le Mobilier national. Toutefois, le plus gros du travail reste à faire dans les ministères et les ambassades où MNR et OAR sont dispersés, dont l’ambassade de Turquie à laquelle ont été prêtés deux tableaux dans le style de Joseph Vernet.
Selon Lionel Jospin, la commission Mattéoli “a accompli son œuvre avec efficacité et donc je crois que les autorités publiques françaises et la Communauté juive française font leur devoir de mémoire”.
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MNR : l’exemple vient d’en haut
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°78 du 5 mars 1999, avec le titre suivant : MNR : l’exemple vient d’en haut