« Nous sommes toujours très occupés et sollicités durant le premier jour d’une foire, mais cette année nous ne nous sommes pas arrêtés une minute, et surtout, nous avons enchaîné pas seulement les ventes, mais aussi les conversations intéressantes, ce qui n’est pas toujours le cas… », confiait Lissa McClure, directrice à la galerie Marian Goodman de New York.
MIAMI BEACH - La qualité des collectionneurs, de leurs intérêts et de leurs réflexions apparaît cette année avoir effectué un bond en avant à Art Basel Miami Beach, dont la douzième édition s’est tenue du 5 au 8 décembre. Nombre de marchands y ont relevé que fréquentation – toujours très soutenue et animée – ne rime pas forcément avec agitation. « La plupart des gens viennent de loin pour la foire, relevait Eva Presenhuber (Zurich), et s’ils prennent du temps pour aller à la plage ou se divertir, ils sont néanmoins un peu captifs de la ville et reviennent donc plusieurs fois sur le salon, ce qui nous a permis d’engager des contacts et des discussions très intéressants. »
Certes les acheteurs ayant des visées spéculatives n’ont pas disparu du paysage, mais la foire a affiché un profil d’une plus grande maturité. Cette évolution n’a pas entraîné une homogénéisation du contenu, bien au contraire. Car relativement à celui-ci, ce sont presque deux salons imbriqués l’un dans l’autre qui se sont révélés aux visiteurs. Pas autour d’une querelle des anciens et des modernes, mais plutôt autour d’une différence de conception entre qui vient faire des affaires en tenant boutique et qui pense une proposition globale et engage une réflexion.
Le meilleur et le pire
Deux mondes donc, où se sont côtoyés le meilleur et le pire. Du mauvais côté du spectre, des stands surchargés et peu excitants, sans véritable contenu, où tout paraissait se ressembler sans que rien ne se détache ; celui de Xavier Hufkens (Bruxelles) par exemple, où surnageaient de ridicules saucisses en bronze d’Erwin Wurm, où encore celui de Robert Miller (New York) qui, dans une présentation illisible, a réussi le prodige de saccager un beau portrait d’Alice Neel en lui adjoignant, en dehors de tout contexte, de vilaines éditions de Yayoi Kusama.
Au nombre des exercices réussis, Andrew Kreps (New York) et Kaufmann Repetto (Milan), d’ailleurs voisins, accrochaient le regard l’un avec une belle installation de papiers peints de Marc Camille Chaimowicz, l’autre avec un ensemble de céramiques de Judith Hopf. Tornabuoni (Paris) réunissait, sous l’intitulé « Monochrome blanc italien », Agostino Bonalumi, Enrico Castellani ou Paolo Scheggi, tandis que Kewenig (Berlin), très dynamique, offrait à Bertrand Lavier et ses « Walt Disney Productions » la plus grande partie de son stand.
De nombreuses rumeurs ont évoqué un possible déménagement de la foire sur la Côte ouest américaine, en raison des lourds travaux de réaménagement du Convention Center. Le bâtiment doit, au cours des prochaines années, être en grande partie reconstruit par l’agence OMA de Rem Koolhaas, afin de le moderniser et de le rendre plus attractif encore. La direction d’Art Basel a apporté un démenti à ces bruits, indiquant que la tenue du salon ne serait pas affectée, car le « phasage » des travaux devrait rendre les espaces disponibles au mois de décembre. Une décision qui semble judicieuse tant est longue, pour un salon, la construction d’une identité. Ce qu’Art Basel Miami Beach est parvenu à faire avec succès grâce à son tropisme latino patiemment construit et renforcé.
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« Miami », une foire mature
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°403 du 13 décembre 2013, avec le titre suivant : « Miami », une foire mature