De belle qualité, Art Basel Miami Beach a vu le retour de propositions dynamiques et cohérentes alliées à un commerce tranquille mais solide.
MIAMI BEACH - Des collectionneurs et amateurs venus en grand nombre du monde entier – d’Europe y compris –, des œuvres qualitativement attractives présentées sur des stands majoritairement bien pensés, un commerce soutenu même si les acheteurs ont pris le temps de la décision…, et des prix au plus haut ! Une fois encore, lors de la 11e édition d’Art Basel Miami Beach qui s’est tenue du 6 au 9 décembre en Floride, le marché de l’art semble avoir imperturbablement défié les incertitudes économiques.
La foire d’art contemporain revêtait cette année une importance particulière pour certains marchands new-yorkais touchés plus ou moins durement par l’ouragan Sandy à la fin octobre. Certains ont en effet perdu une grande part – voire la totalité, comme Andrew Kreps – de leurs stocks situés en sous-sol ; d’autres étaient toujours fermés car encore en travaux de rénovation, à l’instar de Casey Kaplan ou de Friedrich Petzel. Le stand de ce dernier s’ornait d’un remarquable polyptyque de Willem de Rooij où cinq grands panneaux évoluaient progressivement de l’argent vers l’or grâce à des fibres tissées dans la toile : ou comment concilier le bling-bling plaisant à une certaine clientèle à une proposition conceptuellement rigoureuse !
D’une manière générale, nombre d’enseignes avaient soigné leurs accrochages, qui sans verser dans la spectacularisation semblaient vouloir sortir de la seule sécurité commerciale en orchestrant de véritables propositions ou conversations. Certains ont pour cela dédié des zones de leur stand à un ensemble de travaux d’un même artiste, à l’exemple de Francis Alÿs chez David Zwirner (New York, Londres) ou de Friedrich Kunath chez BQ (Berlin), voire le stand tout entier ; ainsi de Tornabuoni (Paris) venu avec une vingtaine de toiles de Lucio Fontana. D’autres avaient pensé des rapprochements pertinents, telle la galeriste Paula Cooper (New York) confrontant des tableaux de Kelley Walker à motifs de brique et un grillage au sol de Cady Noland ou Alison Jacques (Londres) associant les épures constructives de Fernanda Gomes à celles de Ian Kiaer, quand Zero (Milan) alignait sur un stand particulièrement dépouillé les œuvres de Michael E. Smith et de Victor Man. Yvon Lambert (Paris) de son côté avait remarquablement agencé son espace avec deux blocs de mur entre lesquels un interstice avait vu se glisser une sculpture en bois de Markus Schinwald.
Ainsi que le résumait Toby Webster (The Modern Institute, Glasgow), « la foire a changé : les gens viennent ici toujours comme en vacances mais on entend moins parler de fêtes, et, si l’on sent la crise depuis longtemps, nous nous sommes adaptés à des ventes effectuées sur un temps plus long. Le marché est devenu plus mature et l’on peut y prendre des risques. » Des risques en effet il en avait pris, compartimentant son stand en plusieurs espaces dont l’un dédié à de délicieuses petites pièces de Hayley Tompkins et un autre à une installation commercialement difficile de Cathy Wilkes.
Contrairement à l’édition 2011, les propositions se sont en revanche montrées plus fades et moins allantes sur le secteur « Art Positions », à l’exception des explorations d’Irene Kopelman chez Labor (Mexico) ou du langage codé de Felipe Arturo sur le stand de La Central (Bogotá). Les différentes syllabes recomposant ses phrases adoptaient la forme de petites vagues en béton : une évasion particulièrement bienvenue en bord de mer, à Miami Beach...
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Miami en belle forme
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Abonnez-vous dès 1 €Art Basel Miami - 8 décembre 2012 - Photo Babeth from Miami
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°381 du 14 décembre 2012, avec le titre suivant : Miami en belle forme