Marie-Ange Brayer et Béatrice Simonot, d’Orléans à Venise

L’Association française d’Action artistique (AFAA) a désigné le duo d’Archilab (L’Œil n°537), Marie-Ange Brayer et Béatrice Simonot, pour le commissariat du Pavillon français de la Biennale internationale d’Architecture  qui se déroulera à Venise du 8 septembre au 3 novembre. C’est donc à la suite de la 7e édition qui avait mis à l’honneur Jean Nouvel, François Geindre, Henri-Pierre Jeudy et Hubert Tonka sur le thème « ville : moins esthétique, plus d’étique », que Marie-Ange Brayer et Béatrice Simonot présenteront l’exposition « Contextes ». A première vue, la lecture du projet donne une impression de déjà vu, on prend les mêmes et on recommence : comme à Orléans ? Mais d’emblée, les commissaires justifient cette impression d’« Archilab-épisode II ». « A l’origine du projet, nous comptions programmer une sélection représentant les différentes orientations architecturales montrées dans Archilab. Nous avons donc retenu seulement huit architectes des anciennes éditions d’Archilab et nous avons programmé trois jeunes architectes d’une trentaine d’années, lauréats des nouveaux Albums des jeunes Architectes 2001-2002 du ministère de la Culture et de la Communication qui ont apporté un sang neuf au projet. Nous pouvions si nous le souhaitions sélectionner en dehors du cadre des albums de la jeune architecture, mais ces albums offraient plus de 300 dossiers de jeunes architectes. Nous avons donc pu entreprendre la sélection qui allait compléter le travail des huit autres architectes. Ceux-ci sont très jeunes, puisqu’ils ont moins de 35 ans, mais ils ont tous entrepris très tôt les grands concours internationaux d’architecture. » A la différence d’Archilab qui est une exposition internationale, la programmation pour Venise se doit en effet d’être nationale, les architectes sélectionnés l’étant pour la force de leur démarche et non l’appartenance à un strict courant donné. La diversité dans la sélection a donc été privilégiée par rapport à une complémentarité, l’idée n’étant sans doute pas de cadrer l’architecture à l’intérieur de règles rigides et préconçues, mais au contraire d’être à la recherche des différents mouvements français, d’en montrer la pluralité. La difficulté dans cette sélection fut sans doute de prouver que ces architectes ont un caractère commun justifiant cette nationalité française, tout en conservant une diversité. Voire même s’ils ont la caractéristique d’affirmer leur singularité, de refuser toute filiation, à la différence des architectes hollandais qui souvent se revendiquent de Rem Koolhaas. Toutefois, l’un des leitmotiv de l’architecture française est cette idée d’intégration au site. C’est autour de cet axe des « contextes » qui traverse l’architecture française que les commissaires ont décidé de construire l’exposition. « A l’origine, l’idée de Frédéric Borel était de faire travailler les architectes sur le contexte de l’autre, ce qui est en fait le point fort de sa démarche à lui. Rapidement, nous nous sommes rendu compte que cela serait vite ingérable tant les architectes sont relativement individualistes et n’ont pas forcément la volonté de collaborer. » Néanmoins, les commissaires ont retenu ce principe de confrontation et d’opposition au contexte de l’autre pour l’accrochage. Dans l’exposition, il y aura donc des morceaux de réalité : notamment le plafond de Du Besset et Lyon, l’escalier de dECOI, des installations très proches de l’art contemporain avec Faustino, les maquettes agrandies de Jakob & Mac Farlane pour le projet World Trade Center face aux recherches de Manuelle Gautrand pour l’île Seguin. Tout le sens du propos de « contextes » viendra avec ce principe de confrontation d’objets divers qui ont tous des significations différentes.