Belgique

Magritte aura sa maison-musée en Belgique

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 554 mots

BRUXELLES - La maison que René Magritte occupa durant les années les plus fécondes de sa vie vient d’être achetée par deux personnalités du monde de l’art anversois, Ronny van de Velde, propriétaire d’une des plus importantes galeries belges (qui présentera au mois de mars une exposition sur la période la plus provocatrice de Magritte – la « période vache ») et André Garitte, dont la collection est à l’origine d’une fondation d’art moderne à Anvers.

Ils comptent reconstituer l’univers du peintre pour en faire d’ici trois ou quatre ans un musée, un lieu d’exposition et un centre de documentation unique sur l’un des plus grands peintres surréalistes.

C’est en effet dans cette maison de Jette, dont Magritte occupa le rez-de-chaussée de 1930 à 1954, que l’artiste réalisa une très grande partie de son œuvre. Plus de 450 toiles – sur les 1 100 connues – furent peintes ici, dans le cadre familier de cette petite maison de banlieue. On retrouvera, intacte, la fenêtre à guillotine ayant servi de modèle pour La condition humaine (1933) ou la cheminée traversée par une locomotive représentée dans La durée poignardée (1938), ou encore le fauteuil en osier de L’automate (1928).

Agissant tous les deux de leur propre initiative et avec leurs fonds personnels (en plus de l’achat de la maison, ils vont consacrer 5 millions de francs belges, soit 450 000 F. au projet), Ronny van de Velde et André Garitte ont d’ores et déjà déposé les statuts d’une fondation. S’ils peuvent compter sur les nombreuses relations qu’ils ont tissées depuis de longues années dans le milieu surréaliste, ils espèrent bien sûr que les pouvoirs publics, la commune de Bruxelles ou de Jette se sentiront concernés par l’idée de ce musée et participeront à sa réalisation.
Ils espèrent de toute façon arriver à leurs fins, avec ou sans aides extérieures, pour aboutir, à plus ou moins long terme, à une collaboration (sous forme de prêts d’œuvres de Magritte par exemple) avec le Musée d’Art Moderne de Bruxelles.

Si ce projet mûrissait depuis une dizaine d’années, il devenait de plus en plus urgent de le concrétiser.
"Il reste encore aujourd’hui des gens du village qui se souviennent de lui et qui ont connu la maison, mais cela serait devenu de plus en plus difficile", raconte André Garitte qui a choisi de reconstituer la maison le plus fidèlement possible. "Je pensais la maison détruite depuis longtemps, ajoute-t-il, car Georgette Magritte m’avait toujours répété que ce n’était pas la peine d’aller voir, que ‘la maison était partie’. Ce n’est que récemment que je suis tombé sur une photo prouvant qu’elle était encore bien là, et nous avons pu l’acquérir rapidement à un prix raisonnable. Les réticences de Madame Magritte n’étaient sans doute dues qu’à sa peur d’être elle-même transformée en objet de culte au milieu de son salon !"

Alors que le Musée Delvaux à Jabekke (en Flandre) accueille déjà plus de 40 000 visiteurs par an, le succès du futur musée – situé à Bruxelles – devrait être assuré, surtout si son inauguration coïncide avec la rétrospective prévue en 1998 par le Musée d’Art Moderne pour célébrer le centenaire de la naissance de René Magritte.

Galerie Ronny van de Velde, Ijzerenpoortkaai 3, 2000 Anvers. Exposition du 13 mars au 26 juin 1994.
Maison Magritte, 135 rue Esseghem, 1090 Bruxelles

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Magritte aura sa maison-musée en Belgique

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