PARIS
Mais le président s’oppose à la celle d’un « musée de l’esclavage » à Paris tout en soutenant le projet d’un mémorial aux Tuileries
Paris. Emmanuel Macron a tranché. Il n’y aura pas à Paris de musée consacré à l’esclavage. Le discours de commémoration du 170e anniversaire de l’abolition de l’esclavage prononcé le 29 avril par le chef de l’État au Panthéon a été on ne peut plus clair. « La France possède déjà un tel lieu avec le Mémorial ACTe [Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage]. Situé dans la France des Outre-mers, sur les lieux mêmes où les esclaves ont vécu, souffert et résisté, il œuvre de manière exemplaire depuis son ouverture à la préservation de cette mémoire et à la promotion des expressions culturelles liées à cette histoire. Il a vocation à être le maillon essentiel d’un réseau en Europe, dans la Caraïbe, l’Afrique et les deux Amériques. Je crois par conséquent que notre priorité est d’apporter notre soutien, dans la durée, à cette institution. »
Trois ans après son ouverture, le Mémorial ACTe, créé et financé à cent pour cent par le conseil régional de la Guadeloupe, deviendra un établissement public de coopération culturelle le 1er janvier 2019. Emmanuel Macron s’y était engagé le 28 janvier dernier lors de sa rencontre à l’Élysée avec Ary Chalus, président du conseil régional de la Guadeloupe. Le changement de statut permettra donc à la Région de se délester d’une partie de ce budget annuel, « gouffre financier », porté à 4,1 millions d’euros. « Le niveau de la participation de l’État est en cours de négociation », souligne Jacques Martial, président du Mémorial ACTe, qui « espère un accroissement de ce budget insuffisant pour les missions d’un établissement de cette dimension ».
Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé la création d’ici à la fin de l’année de la « fondation pour la mémoire de l’esclavage », dont la vocation est de soutenir ses projets d’expositions et de médiations. Sauf que ce projet de fondation avait déjà été préconisé et détaillé dans le rapport de Myriam Cottias remis à François Hollande en avril 2016 et annoncé un mois plus tard par l’ex-chef de l’État. La mission de sa préfiguration, confiée alors à Lionel Zinsou pour « une création effective avant la fin 2016 », selon le cap fixé par François Hollande, a abouti le 8 mars 2017 à la constitution d’un groupement d’intérêt public (GIP). Lors de la première assemblée générale du GIP le 22 mai 2017, Jean-Marc Ayrault, son président, avait rappelé que « la principale mission sera de préparer la création d’ici le 27 avril 2018 de la Fondation ». La promesse de l’ancien Premier ministre n’a pu être tenue, malgré la dotation du GIP en moyens humains (trois salariés), en raison, selon Pierre-Yves Bocquet, son bras droit dans ce projet, de l’arrivée de nouvelles équipes au gouvernement. Des questions restent par ailleurs en suspens. Si l’installation de cette future fondation est désormais actée à l’hôtel de la Marine, la composition de son conseil scientifique ouvert à l’international n’a pas avancé.
Enfin, Le président a apporté son soutien au « projet d’ériger à Paris, dans le jardin des Tuileries, un mémorial national qui rende hommage à ces victimes, comme le demandent légitimement plusieurs acteurs de cette mémoire ». Des paroles qui ont provoqué de vives réactions car ce projet, émanant d’une poignée d’associations, dont CM98 de Serge Romana, prône l’inscription des noms des anciens esclaves. « Ces noms sont un contresens historique terrifiant », rappelaient en leur temps des personnalités comme Sylvie Glissant ou Myriam Cottias, directrice du Centre international de recherches sur les esclavages, seul organisme scientifique référencé sur ces questions en France. « C’est célébré l’établissement de faux noms inventés en 1848 par l’état colonial, s’insurge Lilian Thuram. Ce dont nous avons besoin ce n’est pas un monument de commémoration mais un lieu de connaissances à Paris. »
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Macron confirme la création de la Fondation sur la mémoire de l'esclavage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°501 du 11 mai 2018.