Enfer, paradis et purgatoire en images

Les réponses, multiples et passionnantes, prennent la forme de vingt travaux photographiques sélectionnés par le commissaire Marc Mawet. Son choix, juste et équilibré, alterne artistes confirmés et débutants, avec une grande diversité d’écriture (photojournalisme, photo documentaire, approche plasticienne...). Jean Revillard dévoile comment les squatteurs d’un cimetière de Manille cohabitent littéralement et en relative harmonie avec les morts. Les décors factices de la Corée du Nord, saisis en grand format par Maxime Delvaux, font écho au travail d’Émilie Vialet sur les zoos et leurs espaces naturels reconstruits artificiellement. Raphaël Dallaporta souligne l’enfer de l’esclavage domestique et pose la question de son invisibilité, celui-ci se déroulant toujours derrière des murs, à l’abri des regards. Quant à Nick Hannes, au parcours marqué par le photojournalisme, son travail au long cours sur les rives de la Méditerranée concentre toutes les indécences de notre époque. Les dérives du tourisme de masse sont mises en regard avec le drame de l’exode migratoire : un choc frontal et saisissant qui donne tout son sens à la thématique « Paradis infernaux, enfers paradisiaques ». Dernier intérêt de la Triennale : son espace d’exposition autour d’une succession de rampes qui lui vaut le qualificatif de « mini-Guggenheim bruxellois ». Pour l’architecture comme pour la photo : de belles découvertes !