Yves Klein est-il ressuscité ? On voudrait le croire en voyant les films pour le nouveau processeur Intel* Pentium* III dont le Blue Man Group est l’animateur vedette.
Savoir si Yves Klein a vraiment inspiré ces artistes dans leur recherche d’identité, est une autre histoire. Pourtant, on les imagine tout droit sortis de l’atelier du pionnier de l’art expérimental avec ses monochromes bleus (ou roses, ou or) et ses “anthropométries” (empreintes de corps nus enduits de peinture). Il est indéniable que la marque du premier a déteint sur les seconds. En effet, le Blue Man Group est une troupe d’artistes, à facettes multiples, qui mêlent peinture, musique, danse ou expression corporelle et dont la particularité est d’être peints en bleu. Champions de “performance art”, leurs spectacles interactifs remportent un grand succès aux États-Unis, comme actuellement à Las Vegas dans des shows “techno-tribaux” dans lesquels ils détournent des objets usuels, inventent des instruments de musique, etc.
Pour donner à Intel* Pentium* III la reconnaissance de marque qui lui est due, l’agence américaine MVBMS/Euro RSCG a conçu deux spots. L’un sur le thème de la musique, l’autre sur celui de la peinture dans lequel trois protagonistes du Blue Man Group tentent de colorer un mur blanc en y projetant des boules de peinture à l’aide d’une catapulte. Sans grand succès jusqu’à ce que le troisième personnage, sous le regard médusé de ses complices, ait l’idée de se verser un seau de peinture verte sur la tête et de se propulser lui-même sur la cible. Il s’écroule sous le choc mais, à l’inverse des deux premiers, l’essai est concluant.
Des saynètes à l’humour sous-jacent, subtil et froid qui démontrent qu’à trois on fait mieux qu’à deux. Le troisième homme du groupe est bien le plus malin, celui qui trouve le déclic pour faire avancer les choses. La démonstration rejaillit sur Intel* Pentium* III qui est nécessairement plus performant qu’Intel* Pentium* II. La mise en scène de ces spots, adaptés en France par Euro RSCG Works, est d’une extrême sobriété, aucun mot n’est prononcé, seule une musique au synthétiseur rythme ce ballet moderne. La valeur du message tient uniquement dans la force des couleurs (bleu, vert, noir) et le mime des comédiens. Des mini-sketchs ludiques et distrayants qui veulent prouver comment un PC équipé de la puissance de ce processeur donne une autre dimension au monde de l’Internet. L’ombre d’Yves Klein rôde et plane sur cette communication bien maîtrisée, mais peut-on, pour autant, l’assimiler à de l’art ?
- Agence USA : MVBMS/Euro RSCG. Agence France : Euro RSCG Works/ Directeur de création internationale : Michael Lee/Concepteur-rédacteur : Larry Silberfein/Directeur artistique : Walt Connelly/Maison de production : Anonymous/Academy Prod/ Réalisateur : David Kellogg
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L’ombre d’Yves Klein
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°118 du 5 janvier 2001, avec le titre suivant : L’ombre d’Yves Klein