Les organisateurs des grands salons généralistes dont Tefaf et la Biennale des antiquaires ont multiplié l’an passé les opérations de séduction à l’égard des collectionneurs des Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine).
L’art est-il une valeur refuge en période de crise ? Pour la joaillerie-bijouterie, cela ne fait aucun doute si l’on en juge par la fièvre acheteuse qui s’est emparée des collectionneurs lors de la dernière Biennale des antiquaires. Chinois en tête, ceux-ci ont littéralement « dévalisé » les stands de Van Cleef & Arpels, Chaumet, Boucheron ou Bulgari.
Malgré un contexte économique marqué par le recul de la croissance mondiale, les grands collectionneurs étrangers étaient présents au rendez-vous automnal à Paris, sous la verrière du Grand Palais, comme en ont témoigné les importantes transactions conclues particulièrement dans le domaine des tableaux modernes, de la bijouterie (avec la vente presque en intégralité de la collection de haute joaillerie de Cartier) et des arts décoratifs du XXe siècle, toujours très prisés.
Le très haut de gamme s’est très bien vendu, contrairement aux pièces de secong rang pour lesquelles les collectionneurs se sont montrés plus frileux.
Lors de la dernière Tefaf [The European Fine Art Fair] à Maastricht (Pays-Bas), d’importantes transactions ont également été signalées, à l’exemple de ce portrait d’Henri VIII parti à 2,5 millions de livres sterling (env. 3 millions d’euros) sur le stand de la galerie Weiss (Londres). Même constat en janvier 2012 lors de la 57e édition de la Brafa [Brussels Antique and Fine Art Fair] à Bruxelles qui a été marquée par un niveau de ventes élevé. Ce, particulièrement du côté des tableaux modernes et des arts décoratifs du XXe siècle qui confirment, d’année en année, leur belle santé et leur pouvoir de séduction auprès du public. « De plus en plus de visiteurs sont attirés par l’art moderne sur toutes les foires. C’est un domaine très vivant comparé à celui des maîtres anciens. Certains clients plus âgés achètent encore volontiers des antiquités classiques à la Brafa, mais leurs enfants lorgnent plutôt vers l’art moderne et contemporain », souligne Harold t’Kint de Roodenbeke, le nouveau président de la Brafa.
La Chine courtisée en particulier
Cette tendance se confirmait également à la Biennale des antiquaires. « C’est un salon qui est de moins en moins fait pour les antiquaires, de moins en moins tourné vers l’art ancien. On ne trouve plus de Haute Époque, plus de Louis XIII, ni de Louis XIV », déplorait alors un professionnel parisien.
Fait nouveau, on observait, cette année, sur les larges allées du Grand Palais, la présence de collectionneurs chinois aux côtés de Russes, de Turcs et d’Ukrainiens. Les fruits d’une campagne de communication menée tous azimuts par Christian Deydier, le président du Syndicat national des antiquaires (SNA), dans dix-huit villes étrangères, de Berlin à Hongkong en passant par Istanbul et São Paulo. « On s’embête à faire venir des acheteurs étrangers à Paris alors qu’il n’y a pratiquement plus de grands collectionneurs en France, pestait l’été dernier Christian Deydier. Je suis prêt à délocaliser la Biennale à New York ou Hongkong si nécessaire. » Annoncée en début d’année 2012, la décision a pris forme à l’automne avec la création d’un nouvel événement, outre-Atlantique : « The Salon Art Design ». Le dernier-né de la famille SNA a été lancé à New York en novembre, en association avec Sanford Smith & Associates. « Il s’agit de créer des « mini-Biennales » tous les ans. Après avoir testé la formule à New York cet automne, nous envisageons de créer d’autres salons satellites à Hongkong et Moscou », expliquait alors le président du SNA.
À Maastricht aussi l’heure est à l’internationalisation. L’an passé, tout a été mis en œuvre par les organisateurs de Tefaf pour élargir la base des visiteurs du salon en courtisant les clientèles asiatique mais aussi américaine et européenne. Pour la première fois, des collectionneurs et conservateurs chinois ont été reçus, à Pékin et Shanghaï, par l’ambassadeur des Pays-Bas en Chine. Une opération similaire a été menée aux États-Unis, au Brésil et dans plusieurs pays d’Europe. De même, confirmation a été donnée de l’ouverture à l’international du Pavillon des arts et du design (PAD). Né sur les bords de la Seine, il s’est implanté ensuite à Londres et de manière ponctuelle à New York en 2011. Les organisations prévoyaient de rejoindre Milan au printemps prochain, projet auquel ils ont finalement renoncé en catimini.
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L’internationalisation se poursuit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°383 du 18 janvier 2013, avec le titre suivant : L’internationalisation se poursuit