L’institut des cultures d’Islam, à Paris, clarifie ses usages

Paris. Situé dans le 18e arrondissement, l’Institut des cultures d’Islam (ICI) dispose de deux bâtiments séparés dont le plus récent (sis rue Stephenson) abrite aussi une salle de prière et un hammam. Avant les travaux, les expositions se tenaient dans les deux bâtiments, ce qui créait une rupture dans le parcours. Désormais ce sera uniquement rue Léon, sur deux niveaux : à l’issue des travaux (un budget de 1 million d’euros, financé par la Mairie de Paris), l’ICI a gagné « 30 % de surface d’exposition pour atteindre 306 mètres carrés », selon la directrice, Stéphanie Chazalon. La partie consacrée aux expositions a été séparée du hall d’accueil, lequel a été agrandi et aménagé avec des tables et des bancs : cette modification a permis d’ouvrir l’espace sur le patio et d’apporter de la lumière là où les fenêtres étaient auparavant occultées. L’accès au restaurant associatif s’en trouve simplifié, il n’est plus nécessaire de traverser une salle d’exposition. Les activités de cours de langue et d’ateliers artistiques seront hébergées rue Stephenson, ainsi que les projections et conférences. C’est donc une répartition claire de l’usage des différents espaces qui a été effectuée.

Les espaces d’exposition remaniés permettent une déambulation moins contrainte, notamment au premier étage ; ils sont « modulables » grâce à des cimaises amovibles, précise la directrice. Pour l’exposition « L’esprit du geste », sous le commissariat de Sonia Recasens, la configuration intègre ainsi des œuvres grand format, comme la pièce tissée de Mohamed Amine Hamouda et l’installation de Samta Benyahia : l’espace d’exposition se rapproche ici de celui d’un centre d’art ou d’un Frac, et Stéphanie Chazalon revendique d’ailleurs le vocable « centre d’art contemporain » pour l’ICI. Une gestion collégiale de la programmation artistique renforce cette orientation, puisque l’ICI n’a plus de direction artistique depuis deux ans et fait appel à des commissaires d’exposition indépendants après avoir choisi un thème ou un artiste, « dans un processus un peu expérimental ». Une place sera réservée aux artistes émergents dans le bâtiment de la rue Stephenson où le hall principal accueillera deux accrochages par an, avec « un soutien à la production et un accompagnement » des artistes. Enfin l’ICI a rejoint le réseau Tram (fédérant 34 lieux d’art et de création en Île-de-France) pour s’insérer dans une structure régionale axée sur l’art contemporain.

Côté visiteurs, l’ICI semble être bien identifié comme lieu culturel, puisque 60 % sont des Parisiens et 24 % des Franciliens selon la directrice. Une minorité vient du 18e arrondissement, même si les familles assistent régulièrement aux activités comme les ciné-goûters ou les ateliers :« L’ICI n’est pas un établissement de proximité à proprement parler, mais il garde un ancrage local », observe Stéphanie Chazalon. Plusieurs associations de quartier sont partenaires de l’ICI, qui organise des expositions hors les murs à Barbès et sur le pont Saint-Ange. Les visiteurs sont assez jeunes, avec 20 % de personnes âgées de moins de 18 ans, et 50 %, de 18 à 45 ans. Les âges sont plus variés pour le public qui assiste aux conférences en ligne, lesquelles cumulent régulièrement plusieurs dizaines de milliers de vues. Avec cette réouverture, l’ICI affiche ses ambitions et vise une fréquentation « autour de 30 000 visiteurs par an », indique la directrice.