PARIS - À l’occasion de la visite officielle à Paris de Cheik Sabah al-Ahmad al-Sabah, le gouvernement koweïtien, très intéressé par son nouveau département consacré aux arts de l’Islam, a fait un don de cinq millions d’euros au Musée du Louvre.
Il a également doté l’Institut du monde arabe (IMA) d’un million d’euros. Mais ce geste ne saurait apaiser les tensions qui règnent actuellement à l’Institut. Quelque soixante-dix membres du personnel ont accueilli l’émir, venu visiter une exposition d’artistes koweïtiens, en scandant : « Où êtes-vous les pays arabes ? L’IMA coule ! » En grève les 30 novembre et 1er décembre, les personnels de l’IMA protestaient contre les projets de la direction qui s’apprête à licencier huit personnes – un quota qui n’est pas anodin puisqu’il se situe en dessous du nombre des dix licenciements qui impliquerait alors un plan social. Depuis plus de dix ans, l’IMA présente un déficit annuel variant de 2 à 5 millions d’euros, et ce, malgré un très bon taux de fréquentation, notamment pour l’année 2005, avec son million de visiteurs. Selon la CGT-Culture, l’établissement souffre d’une mauvaise gestion financière. Les recettes propres générées par l’IMA assurent pourtant 47 % du budget de fonctionnement.
Créé en 1980 et ouvert au public en 1987, l’Institut était à l’origine financé à 60 % par la France et à 40 % par les 22 pays de la Ligue arabe. Certains de ces pays ne s’acquittant pas de leur contribution, un fonds de dotation est venu remplacer en 1996 ce système. Les pays arabes pouvaient espérer satisfaire à leurs engagements avec ce fonds censé générer des produits financiers. Mais cette stratégie de placement, prise dans la tourmente des fluctuations du marché, s’est révélée mal adaptée à une institution muséale, rapportant à peine la moitié de la somme escomptée. S’appuyant sur des estimations du ministère des Finances, les représentants syndicaux souhaiteraient, dans un premier temps, que la France réévalue sa subvention annuelle (qui n’a pas évolué depuis plus de quinze ans), en la portant de 8,7 à 11,3 millions d’euros. Une fois cet effort français accompli, l’IMA aurait plus de légitimité à demander aux pays arabes de revenir à une contribution annuelle, même si celle-ci doit être revue à la baisse. Pour l’heure, les représentants syndicaux se battent pour éviter des licenciements.
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L’IMA en difficulté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°249 du 15 décembre 2006, avec le titre suivant : L’IMA en difficulté