Installé dans un bâtiment historique du centre de Metz, le FRAC Lorraine impose ses idées de recherche et de mise en perspective.
METZ - Depuis 1983, le Fonds régional d’art contemporain (FRAC) de Lorraine mène un travail de diffusion et d’action itinérant, sans lieu fixe. Son installation dans l’hôtel Saint-Livier, bâtiment ancien situé au cœur de Metz, est donc une étape majeure dans l’évolution de l’institution. L’heure n’est pourtant pas à la sédentarisation méritée, mais au renforcement d’une mobilité et d’une perméabilité à des enjeux annexes à l’art contemporain (rencontres et ateliers avec des critiques, philosophes et sociologues) grâce à un équipement que sa directrice, Béatrice Josse, souhaite redéfinir en permanence comme une « plate-forme de travail ». Rebaptisé « 49 Nord 6 Est », le bâtiment arbore les coordonnées géographiques de son aire d’action au sommet d’une tour. L’inscription de son positionnement, dont l’étude typographique a été confiée à l’agence re-p.or, donne un référent universel à l’institution qui joue le contraste avec le contexte patrimonial d’un palais dont les fondations datent du XIIe siècle. D’un coût hors taxe de 3,7 millions d’euros, le chantier de réaménagement mené par Jean-François Bodin s’appuie sur des mouvements comparables. Historiques, les façades ont été restaurées et les espaces intérieurs neutralisés pour dégager des volumes variés : un espace d’accueil de 37 m2, 500 m2 pour les expositions (dont deux salles de 150 m2), un centre de documentation de 110 m2, une salle de conférence de 90 m2, des locaux administratifs de 218 m2 et 138 m2 pour les réserves (les plus volumineuses des 600 œuvres de la collection sont stockées dans un bâtiment extérieur). À cela viennent s’ajouter un studio de résidence pour critiques d’art, un jardin et une cour que le FRAC a déjà réquisitionnés pour des installations in situ.
Espace qualifié
Le paysage culturel messin étant marquée par l’arrivée prochaine de l’antenne du Centre Pompidou, le FRAC souhaite « rendre visibles en région des formes artistiques et culturelles peu diffusées et/ou des rapprochements originaux desdites pratiques en asseyant une programmation “exploratoire” sur des bases théoriques », selon les termes de Béatrice Josse. Intitulée « White Spirit », l’exposition inaugurale du lieu l’est donc aussi de sa programmation. Interrogeant pour l’œuvre d’art son inscription dans le contexte institutionnel, sa visibilité et ses différentes temporalités, elle regroupe des œuvres de Dora Garcia, Rémy Zaugg, Alicia Framis ou encore une intervention de Hans Schabus. La manifestation s’axe autour du labyrinthe de carton blanc construit par ce dernier pour imposer des parcours et perdre le visiteur dans les différentes salles du FRAC. Moins autoritaire mais tout aussi directive, la Peinture Placebo© (2004) de Décosterd & Rahm joue sur une notion pharmaceutique pour qualifier l’espace : peinture aromatisée au gingembre pour le premier étage (effet tonique) et à la fleur d’oranger pour le second (effet relax). Inodore et blanche, la lotion picturale est fidèle aux principes de l’architecture invisible développée par le duo suisse. C’est donc conduit et conditionné que l’on ouvre les portes du nouveau bâtiment, au détour desquelles surgit le ballet orchestré par Nedko Solakov avec le concours de deux ouvriers recouvrant alternativement les murs de noir puis de blanc (A Life (Black and White), 2001). À moins que l’on ne tombe sur le Kiss (2004) de Tino Seghal, chorégraphie où un autre couple – cette fois-ci composé de gardiens – s’embrasse en revisitant les grandes poses d’amour de l’histoire de l’art.
Jusqu’au 30 mai, Fonds régional d’art contemporain de Lorraine, 1 bis, rue des Trinitaires, 57000 Metz, tél. 03 87 74 20 02, tlj sauf lundi, 10h-20h, www.fraclorraine.org
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L’esprit du lieu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°194 du 28 mai 2004, avec le titre suivant : L’esprit du lieu