Les chiffres de fréquentation des expositions d’automne confirment les valeurs sûres mais couronnent également des sujets plus pointus.
PARIS - Vers 3 heures du matin, lors de la dernière nocturne de l’exposition « Edward Hopper » au Grand Palais, la file d’attente s’allongeait encore devant les Grandes Galeries de l’institution parisienne. La foule de noctambules, plutôt jeune et de bonne humeur, faisait le pied de grue et tentait de se réchauffer au cours de deux heures d’attente en moyenne, encouragée par ceux qui avaient pu voir l’exposition peu avant. Près de 47 000 personnes se sont pressées devant les œuvres du peintre américain lors des soixante-deux heures du marathon final, selon le décompte fourni par la Réunion des musées nationaux (RMN).
Au total, « Hopper » a comptabilisé très précisément 783 963 visiteurs, devançant d’une courte tête « Picasso et les maîtres » en 2008, qui avait bénéficié d’une opération de nocturnes plus longue. L’engouement pour Hopper permet donc au Grand Palais de réaliser un très beau succès public, sans toutefois dépasser la billetterie de la grande rétrospective « Monet » en 2010 qui avait accueilli 913 000 visiteurs, la meilleure fréquentation en France depuis quarante ans.
La fin du mois de janvier est devenue depuis quelques années synonyme de décompte pour la fréquentation des grandes expositions d’automne. Avant de commenter ces chiffres, il faut rappeler que, depuis 1994, les normes de sécurité limitent les jauges d’accueil du nombre de visiteurs dans les salles d’exposition, empêchant les succès d’affluence des expositions passées. Si le Grand Palais peut se réjouir du succès d’« Hopper », la fréquentation de « Bohèmes » et sa scénographie spectaculaire n’est pas comparable : 218 000 visiteurs, un score cependant jugé « honorable » par la RMN.
Record à Orsay
Le Quai Branly, avec « Aux sources de la peinture aborigène », a accueilli 134 000 visiteurs. Le musée a accusé cette année une baisse de 10 % de sa fréquentation, un résultat en partie imputable à une programmation temporaire sinon plus pointue, en tout cas moins grand public. Après les bons résultats de « Dogon » et « L’Orient des femmes vu par Christian Lacroix » en 2011, respectivement 256 000 et 173 000 visiteurs, l’année 2012 a été plus difficile : « Les maîtres du désordre » a été un relatif échec, avec « seulement » 112 000 visiteurs. La peinture aborigène n’est donc pas l’exposition qui battra des records du côté du Quai Branly.
A contrario, la saison d’automne a été bénéfique pour le Musée d’Orsay et l’Orangerie. Sans surprise, « L’impressionnisme et la mode » surfe sur le succès non démenti des expositions impressionnistes. 492 000 personnes ont visité l’exposition, un des meilleurs scores du musée depuis plus de dix ans et une belle réussite pour une exposition thématique, un genre qui fédère en général plus difficilement les foules qu’une monographie. En comparaison, « Degas et le nu » à Orsay en 2012 a accueilli 465 000 visiteurs. À l’Orangerie, la rétrospective « Chaïm Soutine, l’ordre du chaos » a attiré 288 000 personnes, faisant aussi bien que « Debussy, la musique et les arts », l’exposition précédente de l’Orangerie, mais moins bien que la précédente rétrospective parisienne de l’artiste à la Pinacothèque en 2007, qui avait enregistré 310 000 visiteurs. Le Musée Jacquemart-André, quant à lui, réalise un beau succès avec l’exposition « Canaletto-Guardi », et 240 000 personnes venues se presser dans les espaces exiguës du musée parisien. Au Musée Maillol, « Canaletto à Venise » (jusqu’au 10 février) n’a pas encore rendu sa copie sur sa fréquentation, mais l’addition devrait signer une bonne saison vénitienne à Paris.
Enfin, signalons deux belles performances : le très beau résultat de « Chagall, l’épaisseur des rêves » à la Piscine à Roubaix, qui vient couronner une exposition exigeante : avec 103 000 visiteurs, c’est un record pour l’institution. À Lyon, « Soulages XXIe siècle » s’achève sur un total de 122 000 visiteurs, qui permet au Musée des beaux-arts d’annoncer une hausse de 11 % de fréquentation en 2012.
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Les visiteurs ne boudent pas les musées
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Abonnez-vous dès 1 €Visiteurs de l'exposition « Soutine, l'ordre et le chaos », au Musée de l'Orangerie, Paris. © Photo : Musée d'Orsay/Sophie Boegly.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°385 du 15 février 2013, avec le titre suivant : Les visiteurs ne boudent pas les musées