Le public semble avoir été au rendez-vous des nombreuses expositions parisiennes de l’automne. Il ne sera pas déçu par le calendrier mondial pour 2013.
Il y a quelques semaines, un débat avait traversé les rédactions des médias : « n’y a-t-il pas trop d’expositions à Paris en cette rentrée 2012 » ? Il est vrai que particulièrement cette année, la concomitance d’événements importants a pu donner un sentiment de trop-plein. Pourtant, les premiers chiffres de fréquentation confirment la vieille théorie selon laquelle l’offre crée la demande, autrement dit plus il y a d’expositions, plus il y a de visiteurs. La forte affluence au Centre Pompidou pour la rétrospective « Dali » était attendue, avec 6 740 visiteurs par jour, elle s’inscrit sur les traces des 7 000 visiteurs par jour de la rétrospective de 1979. Le succès d’« Edward Hopper » au Grand Palais, bien que prévisible, dépasse largement les attentes avec près de 6 400 visiteurs par jour. Pour mémoire, la fréquentation quotidienne de « Picasso et les maîtres » en 2008-2009 également au Grand Palais, était en moyenne de 7 500 visiteurs. Curieusement l’autre expo du Grand Palais, « Bohèmes », suscite nettement moins d’engouement, alors que la richesse et l’actualité du thème auraient pu laisser penser le contraire. Avec une moyenne de 2 100 visiteurs par jour, elle se situe dans la moyenne basse, au niveau de la rétrospective « Daumier » de 1999 par exemple. « L’impressionnisme et la mode » à Orsay devrait, elle, dépasser les 500 000 visiteurs avec une moyenne quotidienne de 4 500 visiteurs par jour. Il faudra cependant attendre la fin des autres expositions parisiennes, « Raphaël » au Louvre, les deux Canaletto à Maillol et Jacquemart André, la peinture aborigène au Quai Branly, et surtout connaître la fréquentation des lieux moins importants désavantagés dans la concurrence avec les grands musées, pour réellement prendre la mesure des conséquences sur la fréquentation totale de cette profusion de manifestations.
Contraintes budgétaires
La saison 2013 s’annonce tout aussi riche en nombre d’expositions, sans qu’il soit possible pour le moment de se rendre compte de leur envergure. Les tensions budgétaires pèsent incontestablement sur la programmation. Le Musée de Grenoble a dû réduire de trois à deux ses « grandes expositions », le Musée des arts décoratifs à Paris doit trouver des mécènes pour boucler son agenda : partout le temps est à la révision des ambitions. Et quand une exposition n’est pas supprimée, le nombre de prêts est réduit, afin d’économiser sur le transport et les assurances, espérant que le public ne s’en rende pas trop compte. Ou bien lorsqu’il s’agit d’une rétrospective d’un maître, celle-ci est plus ou moins noyée par des tableaux de suiveurs ou contemporains. Les manifestations sont aussi décidées de plus en plus tardivement, nous avons ainsi plus de difficultés que de coutume à nous faire communiquer la programmation de la fin de l’année. La concurrence entre lieux d’expositions s’aiguise, il est de plus en plus difficile pour un musée de taille moyenne d’obtenir des prêts d’œuvres majeures, surtout lorsque la collection ne recèle pas assez de pépites à échanger. Même un musée prestigieux, comme celui d’Orsay, n’a pu obtenir tous les prêts espérés et a dû annuler son exposition d’automne qui se proposait d’étudier le naturalisme du XIXe siècle jusqu’au Réalisme soviétique. Son directeur, Guy Cogeval, cherche ainsi à reprendre une exposition du côté de Vienne en Autriche. Le salut passe aussi par les coproductions internationales ou les reprises. Ainsi la rétrospective « Roy Lichtenstein », organisée par l’Art Institute de Chicago et la Tate Modern de Londres, viendra au Centre Pompidou cet été. L’exposition d’automne du Louvre sur la Renaissance à Florence est produite avec deux musées florentins. L’Art Institute de Chicago montrera également dans ses murs « L’mpressionnisme et la mode » montée à Orsay, à la suite du MET de New York. Le Musée madrilène Reina Sofia coproducteur de l’exposition Dali au Centre Pompidou la montera en avril.
Perspectives réjouissantes
L’année sera cependant rythmée par quelques temps forts. Les projecteurs seront d’abord braqués sur Marseille et sa région, capitale culturelle européenne 2013 (lire page 4, 5 et 19). Ce sera ensuite à la région normande d’organiser son deuxième Festival impressionniste après le succès de l’édition de 2010. Rouen, Caen, Le Havre, Giverny annoncent des variations autour des thèmes de la couleur, de la mer, chers aux amis de Monet. Laurent Fabius devrait se faire plus discret, accaparé par d’autres fonctions, tandis que le commissaire précédent, Jacques-Sylvain Klein a été remplacé par l’écrivain Erik Orsenna, président du Conseil scientifique de la manifestation.
C’est une année faste pour l’art contemporain, puisque sur les 145 biennales, triennales, ou autres quinquennales recensées par la Biennial Foundation, au moins vingt se dérouleront en 2013, et pas des moindres : Sharjah dans les Émirats arabes unis en mars-mai, la doyenne des biennales, celle de Venise, qui ouvrira en juin, Lyon de septembre à décembre, Photoquai organisée par le Quai Branly de septembre à novembre, Istanbul également de septembre à novembre. Le Printemps de Septembre, renommé Festival international d’art de Toulouse, quitte l’automne pour cause de concurrence avec un autre festival toulousain (et un peu avec la Biennale de Lyon !) pour s’installer en mai-juin. En revanche Monumenta passe son tour en 2013, pour cause de restrictions budgétaires et devrait retrouver le Grand Palais en 2014. Les contraintes budgétaires n’ont cependant pas trop affecté la célébration des trente ans des Fonds régionaux d’art contemporain, créés à l’initiative de Jack Lang. Chaque Frac donnera carte blanche à un créateur en région pour concevoir une exposition à partir des collections, avec un point culminant en septembre aux Abattoirs de Toulouse sous forme d’une exposition collective (« Les Pléiades »).
Les commémorations concerneront assez peu les peintres. Versailles célébrera naturellement les 400 ans de la naissance de Le Nôtre, tandis que les musées des beaux-arts de Rennes et Montpellier rendront hommage à Diderot pour le tricentenaire de sa naissance. Les 150 ans de la mort de Delacroix, n’ont pour l’instant suscité aucune initiative. L’appel est lancé.
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Les temps forts de 2013
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°382 du 4 janvier 2013, avec le titre suivant : Les temps forts de 2013