À la suite des élections britanniques et italiennes, deux nouveaux ministres de la Culture sont apparus sur la scène européenne. Après avoir dressé le bilan des mandats de leurs prédécesseurs, nous présentons les nouveaux venus et leurs programmes encore quelque peu énigmatiques.
LONDRES et ROME (de nos correspondants) - Après les élections en Grande-Bretagne, le 7 juin, Chris Smith, ancien ministre de la Culture, des Médias et des Sports (DCMS), n’a pas été reconduit malgré un bilan satisfaisant (lire le JdA 125, 13 avril 2001). En effet, Tessa Jowell, ancienne ministre de l’Emploi, occupe dorénavant ce poste tandis que Lady Blackstone, ancien professeur d’université, est la nouvelle ministre des Arts. Si Tessa Jowell s’est fixé pour priorités “l’accès et l’excellence”, “deux aspirations pas forcément incompatibles”, elle devrait cependant poursuivre dans les grandes lignes la politique instaurée par son prédécesseur, redevenu simple député. Récemment restructuré par Chris Smith, le Conseil des musées, des archives et des bibliothèques, dit Resource, a réuni une commission d’évaluation des musées régionaux qui devrait rendre son rapport au DCMS au mois de juillet. Compte-rendu à l’appui, Tessa Jowell pourra vraisemblablement dès le mois de septembre proposer une série de mesures visant à apaiser la crise que connaissent ces institutions régionales et se prononcer sur un rapport concernant les Monuments historiques.
En ce qui concerne les Musées nationaux, la question de la gratuité a été résolue avec succès par Chris Smith : dès l’automne, les musées encore payants ouvriront leurs portes à tous. Le défi de Tessa Jowell sera désormais de trouver des fonds pour les musées régionaux et pour la Tate Modern qui a accueilli plus de 5 millions de visiteurs, au cours de sa première année d’existence.
Ministre de la Santé publique (1997-1999) puis secrétaire d’État à l’Emploi au ministère de l’Éducation (1999-2001), Tessa Jowell, cinquante-trois ans, a commencé sa carrière en tant qu’assistante sociale avant de devenir député travailliste en 1992. Cette nouvelle “ministre du temps libre” avoue être passionnée par le jardinage, la lecture, la musique et l’Italie. Éblouie par les œuvres du Caravage, elle affirme avoir visité six fois l’exposition “Le génie de Rome” à la Royal Academy, et trois fois “Stanley Spencer” à la Tate Britain. Considérant qu’elle était au même moment en pleine campagne électorale, son taux personnel de fréquentation des musées est une véritable prouesse !
Berlusconi et la Culture
Si outre-Manche la nouvelle ministre a présenté une ébauche de son programme, en Italie, Giuliano Urbani s’est montré peu disert. Ministre des Biens et Activités culturels au sein du gouvernement Berlusconi, sa nomination, après les élections du 13 mai, a surpris le milieu de la Culture. En effet, le nom de ce professeur en sciences politiques à l’université Bocconi de Milan, âgé de soixante-quatre ans, n’avait jamais été prononcé au cours de la campagne électorale. Élu député en 1994, ministre de la Fonction publique et des Affaires régionales sous le premier gouvernement Berlusconi, cet universitaire discret considère sa tâche “ardue mais exaltante” et se réfère ouvertement au précepte de Luigi Einaudi : “Prima conosco e poi decido” (d’abord, je m’informe, je décide ensuite). Au cours de sa première conférence de presse pour la présentation du projet de Musée de l’Holocauste à Ferrare, il a brièvement fait référence à trois points qui, semble-t-il, seront les grands axes de sa politique : “La tutelle, la valorisation, l’information.” Nommé sous-secrétaire au patrimoine artistique, Vittorio Sgarbi était, quant à lui déjà connu du grand public pour ses chroniques télévisées sur les chaînes de télévision du même Berlusconi. Hâbleur, cet historien de l’art n’a pas hésité à critiquer ses prédécesseurs à la Culture (lire le JdA n° 126, 27 avril 2001) : “Le duo Veltroni-Melandri a été une catastrophe nucléaire pour l’art italien.” Le sous-secrétaire faisait en cela référence à une série de projets controversés : la restauration du Tempio Malatestiano à Rimini, la sélection de Richard Meier pour le nouveau Musée de l’Ara Pacis, “la destruction” de la place Montecitorio à Rome ou encore “la dévastation” de la place du Duomo de Spolète. Le ministre garde ses réserves, le sous-secrétaire critique et le programme se fait attendre...
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Les têtes tournent
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°130 du 29 juin 2001, avec le titre suivant : Les têtes tournent