Pour ses 30 ans, l’École supérieure nationale des arts de la marionnette de Charleville-Mézières inaugure ses nouveaux locaux. Un projet de longue haleine qui hisse la discipline parmi les arts majeurs.
Charleville-Mézières.« Je suis un peu perdu », Jessy, étudiant canadien de première année, guide, avec une de ses camarades, un groupe de visiteurs à travers le dédale de couloirs de la nouvelle École nationale supérieure des arts de la marionnette (Esnam) de Charleville-Mézières. Six ateliers spécialisés, deux salles d’expression corporelle, une salle d’arts plastiques, un instrumentarium (avec marionnettes d’exercice), un foyer, un théâtre… 3,317 m2 livrés brut, « pour que les élèves s’approprient le lieu, que leur art prenne le dessus », expliquent les architectes parisiens Blond et Roux, lauréats du concours en 2012.
On est loin des 600 m2 des anciens locaux. « Nous y avions deux salles d’ateliers et une salle d’expression corporelle pour tout faire. Aujourd’hui, nous avons six ateliers qui seront aménagés pour des travaux spécialisés (bois, métaux, résine, couture, plâtre…) », se réjouissent les élèves qui prendront définitivement possession des lieux le 27 septembre et seront rejoints au printemps 2018 par la douzième promotion. Soit avec deux ans de retard. Le chantier sur l’ancien magasin Troussel acquis depuis 2001 a été compliqué. En cause : des fouilles, suivies d’une mauvaise appréciation des profondeurs de nappes phréatiques et pour finir l’obligation par les architectes des bâtiments de France de conserver, et donc d’enjamber avec une grue, la façade historique de l’établissement datée de 1930. Commencés en 2014 par la démolition de l’ancien magasin, suivis de la pose de la première pierre par Fleur Pellerin en septembre 2015, les travaux ont nécessité plusieurs rallonges budgétaires pour passer de 6,4 millions à 9,15 millions d’euros hors taxes, dont 50 % financés par l’État.
L’emplacement du terrain en cœur de ville et son emprise très singulière n’ont pas aidé : 120 mètres de long enchâssés dans le tissu urbain, sur une ouverture sur la rue de seulement 12 mètres de large. Pour le cabinet Blond et Roux, « la gageure » était de transformer ce large couloir encaissé, en un lieu de transmission et de création « ouvert à la lumière ». Pour y parvenir, le duo a imaginé un jeu de volumétrie cubique, « des espaces qui se dilatent » ou « des creux » qui apportent lumière naturelle ou obscurité selon les besoins. Répartis sur trois niveaux et deux demi-étages, balcons intérieurs, coursives, puits de lumière alternent ainsi avec les salles de travail.
« La circulation intérieure et extérieure est l’épine dorsale du bâtiment, autour sont distribués les éléments de travail des élèves », détaille Stéphane Roux. « Le déplacement est au cœur de cette proposition. Le parcours y est très important. Nous ne sommes pas dans l’immédiateté du lieu. On a le temps en se déplaçant de s’interroger. » Effectivement. Plus de mille mètres de couloirs et 96 portes répartissent les espaces en trois grandes séquences : spectacle et grand public ; conception et enseignement ; réalisation et ateliers de fabrication. Un labyrinthe organisé auquel manque encore la signalétique. Elle sera l’œuvre du designer graphique Jean-Marc Bretegnier, qui a créé une typographie originale pour les 30 ans de l’école.
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Les marionnettes jouent dans la cour des grands
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°486 du 6 octobre 2017, avec le titre suivant : Les marionnettes jouent dans la cour des grands