Les habitants se plaignent des difficultés d’accès au logement. La municipalité est prise en étau.
Florence (Italie). Les touristes bientôt persona non grataà Florence ? Il flottait cet été dans les rues de la capitale de la Toscane un air de sourde révolte. Sur les murs, d’éloquentes inscriptions « Tourists Go Home » s’étalaient à l’ombre de la coupole de Brunelleschi mais aussi de plus en plus dans les quartiers plus périphériques. Sur les barrières d’un chantier d’une résidence de luxe, le long du fleuve Arno qui baigne la cité, un Florentin a même tagué : « Yankees Go Home ». On a plus l’habitude ces derniers mois de lire ces slogans sur les ramblas de Barcelone que dans la pacifique Florence. Elle l’est de moins en moins tant l’exaspération grandit face aux vagues de touristes qui submergent la ville. L’époque des images de leurs quartiers déserts, lorsque sévissait le Covid-19, provoquerait presque de la nostalgie chez des résidents de moins en moins nombreux dans le centre historique.
2023 a définitivement fait oublier la pandémie. 14 millions de touristes ont visité Florence et plus de 52 millions la Toscane. Le centre-ville historique de l’une des plus belles Villes d’art italiennes a perdu 4 000 habitants entre 2014 et 2022, tandis que le nombre d’appartements répertoriés sur Airbnb explosait de moins de 6 000 à près de 15 000. Les résidents de plus en plus rares ne croient plus en l’argument de la « manne touristique ». Ils fustigent plutôt un fardeau avec le coût moyen des loyers mensuels ordinaires qui a bondi de 42 % tandis que les prix à la consommation augmentaient de 15,1 %. « Nous devons éviter d’arriver à ce qui s’est passé à Barcelone avec ses manifestations, s’alarme la toute nouvelle maire de Florence Sara Funaro. On peut tout se permettre sauf de diaboliser le tourisme et encore moins celui américain. »
Il sera difficile à l’édile d’expliquer à ses administrés que la municipalité tente de promouvoir avant tout le « tourisme de qualité et le tourisme durable ». Dernière offre en date dans le sillage des autres Villes d’art italiennes, le « tour de Florence à pied en état d’ivresse ». Coût entre 59 et 70 euros pour faire le tour des bars avec un guide qui distillera quelques anecdotes culturelles entre deux verres. Pour ceux qui estiment insuffisant ou ennuyeux de s’enivrer avant tout des beautés de la ville... « Sans les touristes, nous restons un musée à ciel ouvert avec restaurants vides, ces inscriptions contre eux représentent un signal inquiétant », rétorquent les représentants du secteur commercial florentin.
Pour tenter de contenir les débordements de ces vagues grandissantes de touristes, la maire Sara Funaro a décidé de bloquer les nouvelles locations de courte durée dans le centre historique. Une mesure qui avait déjà été brandie l’automne dernier par le précédent maire qui proposait à leurs propriétaires des allègements fiscaux pendant trois ans s’ils acceptaient de transformer leurs baux actuels en location classique. L’Italie, qui préside actuellement le G7, organisera cet automne à Florence le sommet consacré au tourisme. Le gouvernement devra à cette occasion instaurer une série de mesures pour encadrer de manière plus stricte les locations de courte durée. Mais les maires des Villes d’art réclament des mesures encore plus sévères. « Le tourisme de masse nous pousse au blackout, constatent-ils. Au sens propre avec des infrastructures qui ont du mal à répondre aux besoins croissants en électricité, avec des rues des centres-villes saturées et des incidents qui se multiplient sur la voirie.»
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Les Florentins, exaspérés par le tourisme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°638 du 6 septembre 2024, avec le titre suivant : Les Florentins, exaspérés par le tourisme