Un Salon et une Semaine associant les collections publiques de la capitale, des expositions et plusieurs manifestations mettent le dessin en lumière. Études de têtes de Watteau, nu de Michel-Ange, paysage de Rembrandt ou de Bruegel, portrait au pastel de Quentin de La Tour, étude de drapés de Léonard qui surgissent au détour d’une exposition ne doivent pas occulter l’extrême variété des collections graphiques. Du Louvre au Musée Carnavalet, de l’École supérieure des beaux-arts à la Bibliothèque nationale, les cabinets de dessins parisiens s’ouvrent au public le temps d’une semaine, de 27 mars au 2 avril, l’occasion d’en savoir plus mais aussi de regarder vers l’étranger avec le British Museum à Londres, la Pierpont Morgan Library à New York et la Galerie des Offices à Florence.
Le dessin est “l’expression sensible, la formulation explicite d’une notion intérieure à l’esprit ou mentalement imaginée par d’autres et élaborée en idée”, écrivait au XVIe siècle l’artiste-historien Giorgio Vasari, en introduction aux Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes italiens. Cette théorie a eu son versant pratique, puisque le Florentin a été un pionnier parmi les collectionneurs de dessins. En même temps qu’il parcourait l’Italie en quête d’informations pour son monumental ouvrage, il recueillait dans son Livre des dessins des feuilles de tous les artistes importants de la Péninsule : Raphaël, Léonard, del Sarto, Rosso, et surtout Michel-Ange dont l’amitié faisait sa fierté.
Quelques siècles plus tard, les œuvres des grands maîtres se font rares, provoquant une vertigineuse flambée des prix. En janvier, Sotheby’s a ainsi adjugé 24,3 millions de francs un paysage dessiné de Rembrandt. Celui-ci est aussitôt allé rejoindre la Pierpont Morgan Library, vérifiant l’adage selon lequel les plus belles collections de dessins sont aujourd’hui conservées par des institutions. Que l’on songe aux 130 000 dessins du Musée du Louvre, aux 110 000 de la Bibliothèque nationale de France...
Pour la première fois, les cabinets de dessins de la capitale se sont associés au Salon du dessin pour organiser des visites et dévoiler quelques-uns de leurs trésors. Si certains musées, comme le Louvre, mènent une politique d’expositions dynamique, d’autres, faute de moyens, ne peuvent guère montrer leurs dessins, souvent accessibles aux seuls chercheurs.
De généreux donateurs
Faire connaître ces collections est aussi une façon de rendre hommage aux donateurs qui ont fait leur richesse. George et Maida Abrams ont déjà offert 200 feuilles au Fogg Art Museum de Harvard, qui possède désormais la plus importante collection de dessins hollandais aux États-Unis. Leur don le plus récent comprend des œuvres de Rembrandt, Pieter Bruegel l’Ancien, Adriaen Van Ostade, ou encore de nombreux paysages de Jacob Van Ruisdael, Esaias et Jan Van de Velde, Hendrick Avercamp, Simon de Vlieger et Cornelis Vroom (lire page 20). Au Louvre, 40 000 estampes, 3 000 dessins et 500 livres illustrés étaient entrés en 1936, grâce au don de la famille du baron Edmond de Rothschild, tandis que l’École nationale supérieure des beaux-arts recevait 3 000 dessins de Mathias Polakovits, en 1987. L’exposition “Rembrandt”, en ce moment au Louvre, puis celle sur le dessin en France au XVIIe siècle, à l’Énsb-a en novembre prochain, rappellent cette générosité.
Ces collectionneurs qui comblent les musées ont naturellement rendez-vous au Salon du dessin qui, comme l’an dernier, réunit 25 galeries françaises et étrangères dans les Salons Hoche, du 29 mars au 2 avril. À cette occasion, nous faisons le point sur le marché et relevons des singularités chez les collectionneurs de dessin moderne.
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Les dessous du dessin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°101 du 17 mars 2000, avec le titre suivant : Les dessous du dessin