Photographie

Les derniers mois de la Parisienne de Photographie

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 24 avril 2019 - 684 mots

PARIS

Lourdement déficitaire, la société d’économie mixte s’apprête à céder la commercialisation de la marque et des fonds numériques de l’ancienne agence Roger-Viollet.

Paris.À la fin de l’année 2019, la Parisienne de photographie-Roger Viollet détenue par la Ville et le département de Paris passera dans les mains d’un organisme de droit privé, dont le nom devrait être connu à l’automne. En attendant, l’acte de concession lancé fin 2018 par la mairie met un point final au modèle de conservation, de numérisation et de valorisation du patrimoine iconographique et photographique parisien conçu il y a quatorze ans sous la mandature de Bertrand Delanoë, dont le fonds de l’agence Roger-Viollet.

Retour en sept dates qui marquent la construction et déconstruction progressive d’un modèle déficient et dispendieux pour la Ville.

1985. La Ville de Paris accepte le legs du fonds de l’agence Roger Viollet. Il comprend 4 millions de négatifs, 2 millions de positifs environ et les locaux de l’agence rue de Seine créée en 1938 par Hélène Roger-Viollet et son mari Jean-Victor Fischer. Laure Albin Guillot, Gaston Paris, Jean Marquis ou Janine Niépce comptent parmi une longue liste d’auteurs.

2005. La Parisienne de photographie est créée par la Ville pour préserver les collections de l’agence. Cette société anonyme d’économie mixte locale (SAEML) se voit aussi confier en 2006 la numérisation, la diffusion et la mise en valeur des fonds photographiques et iconographiques de la Ville de Paris, dont ceux de ses musées, bibliothèques. La Parisienne de photographie propose également ses services à des photographes indépendants ou des ayants droit. La SAEML dépose dans le même temps la marque Roger Viollet, qu’elle adosse à la Parisienne de photographie.

2015. La Parisienne de photographie devient une société publique locale (SPL) suite à l’aggravation du déficit de ses activités de numérisation et de commercialisation depuis 2012, malgré l’accroissement des subventions allouées par la Ville. Le contrat de délégation de service publique signé dans la foulée prévoit d’ici le 31 décembre 2017 le rattachement du fonds Roger-Viollet à une agence de la Ville ou à la direction des Affaires culturelles.

2016. Lancement d’un audit sur la situation et la gestion de la société dont le déficit s’élève à près de 600 000 euros.

2017. Les collections Roger-Viollet intègrent fin juin la direction des Affaires culturelle de la Ville de Paris. Le 12 juillet Nicolas Bouillant succède à Nathalie Doury à la direction générale de La Parisienne de photographie. En novembre, le fonds Roger-Viollet est affecté à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP) et non au Musée Carnavalet, un temps pressenti. La décision prend effet le 1er janvier 2018.

2018. La mission de numérisation sort des compétences de la Parisienne de photographie. « Le volume de photographies numérisé insuffisant, atteint 55 % du programme », selon la Ville. Cette dernière recapitalise à hauteur de 2,6 millions d’euros la société, tandis que le capital est réduit pour absorber les 950 000 euros de pertes. Le 12 décembre, une procédure de concession des activités de diffusion et de commercialisation de la Parisienne de la Photographie est lancée. La Ville met à disposition du futur repreneur, la marque Roger Viollet, le local historique de l’agence 6, rue de Seine et les reproductions numériques des fonds Roger-Viollet et des fonds France Soir, logés eux aussi à la BHVP.

2019. Paris Musées récupère progressivement les œuvres numérisées de ses quatorze musées et diffusées par la Parisienne de photographie, une plateforme des collections en open content (en libre accès et téléchargement) est en gestation. La BHVP a d’ici la fin de l’année pour récupérer l’ensemble du fonds Roger-Viollet encore à la Parisienne de Photo.

La création du collectif Roger-Viollet (regroupement de photographes et d’ayants droit distribués par la Parisienne de la Photographie, mais sans lien avec les photographes des collections Roger-Viollet) marque leurs inquiétudes sur le sort que le futur repreneur réservera à la commercialisation et valorisation de leurs photographies. De fait, l’avis de concession ne les inclut pas dans l’actif cédé. « Ils n’ont pas lieu de s’inquiéter », selon Nicolas Bouillant. « Si leur résultat est intéressant pour la Parisienne de photographie, ils le seront pour la société future. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°522 du 26 avril 2019, avec le titre suivant : Les derniers mois de la Parisienne de Photographie

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