Versailles

Les chantiers du château différés

Le Journal des Arts

Le 27 novembre 2012 - 695 mots

La seconde phase du schéma directeur de Versailles est suspendue pour l’année 2013 et reportée, au nom de l’effort budgétaire.

VERSAILLES - L’annonce n’est pas une surprise. Début septembre, déjà, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti expliquait dans les colonnes du Monde envisager « des rééchelonnements » dans les schémas directeurs de Versailles et du Grand Palais, revenant sur l’engagement de son prédécesseur Frédéric Mitterrand en novembre de l’année dernière.

Catherine Pégard, présidente de l’Établissement public du château de Versailles a pris les devants, le 12 novembre, en annonçant la suspension des travaux de la seconde phase du schéma directeur des travaux, dont le début du chantier était prévu au deuxième semestre 2012. « Il nous est demandé un concours important dans la crise exceptionnelle que nous traversons », explique Catherine Pégard, philosophe. « Nous préférons différer le début [des travaux] au lieu d’étirer le calendrier, ce qui serait plus préjudiciable pour nos visiteurs », poursuit-elle. Ce retard est dû aux inquiétudes qui pèsent sur le financement par l’État du schéma directeur, dont le montant arbitré est estimé à 171 millions d’euros repartis sur cinq ans, financé pour un tiers par les ressources propres de Versailles. Si, dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2013 soumis au parlementaire, l’autorisation d’engagement reste intacte pour l’année à venir, à savoir 20 millions d’euros, le député UMP François de Mézières, lors de la séance d’examen du PLF à l’Assemblée, a pointé « une baisse de 6 millions d’euros sur les crédits prévus ». Sans doute faut-il y voir le « concours important » demandé au château de Versailles, sans parler des budgets des années futures, qui devraient encore porter les stigmates de la crise économique.

Ce schéma directeur a connu d’autres aléas de calendrier. Inauguré en 2003, initialement prévu pour s’étaler sur 17 ans pour un coût de 350 millions d’euros, le schéma prévoyait de « retrouver le Versailles historique », protéger la sécurité des bâtiments, créer un Centre de recherches et améliorer l’accueil du public.

Délais et budgets extensibles
La première phase de travaux, qui devait s’étendre de 2003 à 2009, s’est en fait étirée jusqu’en 2012. Le budget estimé au départ à 135 millions d’euros est aujourd’hui d’un montant prévisionnel arrêté de 159 millions d’euros : un dépassement dû à la hausse du coût de la construction. Lors de cette première phase, plusieurs chantiers d’importance ont été menés à bien : urgents et nécessaires, comme les travaux de mise en sécurité du Grand Commun et le réaménagement des réserves. Moins impératif, la restitution très contestée de grille de la cour royale a suscité beaucoup de controverses, comme les huisseries de couleur jaune des façades. Certains bosquets du Parc, certaines toitures ont également été restaurés et l’accueil des visiteurs a été repensé via les pavillons Dufour et Gabriel qui viennent tout juste de rouvrir.

« Nous terminons la première phase du schéma directeur avec l’aile Dufour et nous différons le début de la seconde. Mais nous ne renonçons à rien, c’est juste un report de calendrier », insiste Catherine Pégard : « les fouilles préliminaires sont terminées, le jour où les travaux commenceront, nous serons prêts ». La mise en sécurité du corps central attendra donc des jours plus cléments, tout comme la restauration des décors des Grands Appartements royaux (ceux de la Reine, du Dauphin et de la Dauphine, puis ceux du Roi) et la poursuite des travaux de rénovation du parc. Les touristes de la saison prochaine peuvent se réjouir : la fermeture échelonnée des salles des Grands Appartements est donc reportée. Versailles a malgré tout d’autres projets pour l’année à venir : « à la fin de l’année prochaine, nous ouvrons au public six nouvelles salles, les Appartements de Mesdames : ces travaux intérieurs ne changent pas », explique la présidente. 2013 sera également l’anniversaire des 400 ans de la naissance d’André Le Nôtre, paysagiste de Louis XIV, avec une programmation pratiquement bouclée. Et la recherche de mécénat, fondamentale à Versailles, garde toute son importance : « Il faut toujours convaincre les mécènes de continuer à nous aider. C’est un travail que nous aurions fait avec ou sans la crise ».

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°380 du 30 novembre 2012, avec le titre suivant : Les chantiers du château différés

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