Les tapisseries flamandes de la Renaissance séduisent toujours lorsqu’elles présentent de beaux sujets en bon état.
Particulièrement réputées, les tapisseries flamandes de la Renaissance intègrent toutes les cours européennes. Elles se trouvent aujourd’hui dans des collections privées et des musées importants en France et à l’étranger : en Belgique, au Palacio Real à Madrid, au Musée du Vatican à Rome et dans de nombreux châteaux. Une exposition importante sur cet âge d’or de la tapisserie flamande, réunissant une quarantaine de pièces issues de prestigieuses collections publiques et privées européennes, se tiendra prochainement à Gand en Belgique (1).
Innombrables sont les tentures de tapisseries à sujets historiques, bibliques, mythologiques ou allégoriques issues des ateliers flamands. Aujourd’hui, les collectionneurs choisissent une pièce d’abord en fonction de la beauté de son sujet, en veillant à ce que son état soit bon et ses dimensions, acceptables. Les « mille fleurs » et « feuilles de choux » des XVe et XVIe siècles sont très prisées des amateurs d’art ancien. Ils apparaissent sur le marché à l’état de fragments. Leur prix monte facilement à 150 000-200 000 euros en galerie pour une pièce de 2 x 2 m. « Ces petits formats qui constituent une niche de collection ne restent pas longtemps en stock. On les vend dans les deux mois suivant leur entrée en galerie », note l’antiquaire parisienne Nicole de Pazzis-Chevalier. Beaucoup plus répandues sont en revanche les verdures, tapisseries à décor végétal qui apparaissent à partir du début du XVIIe siècle, dont les prix oscillent entre 3 000 et 30 000 euros en ventes publiques, en fonction de la qualité du tissage, de l’état de conservation et de la beauté des paysages, parfois enrichis par la présence d’animaux ou d’éléments d’architecture.
Les décors trop violents rencontrent moins de succès, mis à part les spectaculaires scènes de chasse, fleurons de l’art cynégétique. Les scènes de l’Ancien Testament, notamment les épisodes sur la vie de Moïse, sont nettement préférées aux scènes de la vie du Christ et des saints du Nouveau Testament. Les thèmes des quatre saisons (en premier lieu le Printemps) et des quatre continents (avec une prime pour L’Amérique) sont toujours plébiscités. Une tapisserie de L’Amérique ou le Nouveau Monde de 2,50 x 4 m, tissée à Bruxelles vers 1760, ornait un mur de l’hôtel de Masseran à Paris. Adjugée 82 340 euros, elle faisait partie du contenu livré aux enchères le 29 juin à Fontainebleau chez Jean-Pierre Osenat par la République de Côte d’Ivoire, propriétaire de cet hôtel particulier. Parmi les sujets appréciés, notons encore les scènes de la vie rurale comme les Vendanges, souvent inspirées de peintures de David Teniers au XVIIe siècle ; les représentations mythologiques à l’exemple des Travaux d’Hercule ou des Métamorphoses d’Ovide, ou encore les épisodes tirés de l’Histoire ancienne, tels les exploits de Scipion, commandés par François Ier et exécutés d’après des cartons de Giulio Romano. Scipion triomphant entre dans le Capitole, tirée de cette tenture de l’Histoire de Scipion, tissée à Bruxelles au milieu du XVIe siècle, s’est vendue 72 290 euros le 1er juillet 2006 à Drouot (SVV Deburaux et associé, Paris). Elle avait le défaut d’être un peu haute (3,55 m) et a donc trouvé place dans un palais italien.
(1) « Tapisseries flamandes pour les ducs de Bourgogne, l’empereur Charles Quint et le roi Philippe II », du 21 novembre 2008 au 29 mars 2009, à l’abbaye Saint-Pierre.
En 1640, le roi Philippe IV d’Espagne choisit six compositions traitant de différentes chasses du peintre Pierre Paul Rubens et un septième sujet sur la chasse réalisé par Jacob Jordaens. Ces tableaux furent traduits en cartons de tapisserie en 1664-1665, les tapisseries tissées à l’occasion du mariage de l’Infante Margarita Teresa en 1666 avec Louis XIV. Ces pièces ont disparu, mais elles sont connues grâce au catalogue de 1920 du Kunsthistorisches Museum de Vienne (Autriche) rédigé par Ludwig von Baldass, et à travers d’autres tissages très rares, comme cette tapisserie baroque aux couleurs éclatantes, La Chasse au taureau, tissée à Bruxelles au début du XVIIIe siècle, d’après Rubens. « Nous sommes en présence d’un tissage du début du XVIIIe siècle qui conserve la force des coloris du siècle précédent ; la composition est légèrement resserrée par rapport au modèle initial qui mesurait plus de 9 mètres de large, précise l’expert Nicole de Pazzis-Chevalier, qui présentait avec l’expert en mobilier Jean-Paul Fabre cette splendide pièce « digne d’un musée », le 18 juin à Drouot chez Piasa, à Paris. Elle s’inscrit dans une élégante bordure à l’imitation d’un cadre, ornée de carquois et de bouquets de fleurs, [provenant] sans doute de l’atelier de Judocus De Vos. » Adjugée au prix modique de 59 500 euros, elle est partie décorer un palais italien.
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Les belles Flamandes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°286 du 5 septembre 2008, avec le titre suivant : Les belles Flamandes